Archéologie

EXPOLOGIE

À Moulins, l’âge du bronze pour les nuls (mais pas que)

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 9 mai 2025 - 499 mots

Le sujet étant mal connu du grand public, le Musée Anne-de-Beaujeu a conçu un parcours pédagogique qui convaincra jusqu’aux spécialistes.

Moulins (Allier). Pour sa neuvième saison thématique, l’Inrap a choisi… l’âge du bronze (– 2500/– 800) : un champ d’étude qui passionne les chercheurs depuis une quinzaine d’années, porté par les découvertes de l’archéologie préventive, mais qui peine à infuser l’imaginaire du grand public. « Nous partons avec un gros déficit auprès du public, qui ne sait pas du tout situer la période sur une frise chronologique », constate Emmanuelle Audry-Brunet, responsable des collections archéologiques du département de l’Allier, et commissaire de l’exposition « L’Odyssée du bronze ».

Labellisée parmi les événements de cette « Année du bronze » (et également qualifiée « d’intérêt national »), l’exposition du Musée Anne-de-Beaujeu commence donc logiquement par une frise chronologique. Et pour être bien sûr que le visiteur ne ressortira pas du parcours en confondant cette période avec le Néolithique (qui la précède) ou l’âge du fer (qui lui succède), cette frise court sur plusieurs mètres de cimaises.

Une stratégie reprise tout au long du parcours, afin de délivrer de manière immanquable pour le visiteur l’essentiel des informations. Les vides sont formidablement exploités par l’agence scénographique Mo-To, notamment à travers le travail graphique qui anime les cimaises. De grands personnages reconstituent ainsi, prudemment, ce que pouvait être une silhouette de l’âge du bronze, tandis que de petites saynètes se posent sur la frise, des illustrations travaillées qui donnent son identité au parcours.

Cette tonalité légère mais scientifique permet de mieux faire connaître l’âge du bronze, en mettant en scène quelques objets qui ont contribué à rendre cette période confuse. Ainsi, l’un des casques de Bernières-d’Ailly, découvert dans le Calvados au XIXe siècle, a servi de modèle au dessin du couvre-chef d’Astérix, de même que la cuirasse de Véria, retrouvée dans le Jura en 1860, a inspiré Auguste Bartholdi pour son Vercingétorix de la place de Jaude à Clermont-Ferrand. Deux Gaulois ayant vécu, réellement ou fictivement, huit siècles après la fin de l’âge du bronze.

Avec toujours le souci de ne pas perdre le visiteur profane (et particulièrement le jeune public), le parcours suit le principe de l’entonnoir, posant les fondements dans une large première partie avant de se consacrer aux quelques découvertes locales particulièrement intéressantes. Car le Bourbonnais est l’un des foyers de l’âge du bronze : on y trouve des mines de cuivre et d’étain, les deux métaux nécessaires à la fabrication de l’alliage qui donne son nom à cette ère.

La présentation des nombreux dépôts rituels découverts dans la région s’adresse aussi aux amateurs d’archéologie locale et à un public plus spécialiste, en informant sur les enjeux liés à l’interprétation de ces vestiges mystérieux : pourquoi tant de richesses ont-elles été abandonnées dans des dépôts ? Correspondent-elles à des abandons de sites rituels ? Le dépôt de Rongères (Allier), découvert en 1911, avec ses objets en or, mais surtout les importants dépôts de Jenzat (Allier), qui sont au cœur d’un programme scientifique actuel, laissent percevoir l’ampleur du phénomène.

L’Odyssée du bronze, à la rencontre des premiers Européens,
jusqu’au 21 septembre, 3, place du Colonel-Laussedat, 03000 Moulins.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°655 du 9 mai 2025, avec le titre suivant : À Moulins, l’âge du bronze pour les nuls (mais pas que)

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