Archéologie

Charente : découverte exceptionnelle d'un lieu de sépulture de l'âge du Bronze

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 4 mars 2022 - 472 mots

LA ROCHEFOUCAULD-EN-ANGOUMOIS

Une vaste grotte d'un intérêt « exceptionnel », ayant servi de lieu de sépulture pendant plus d'un millénaire de l'âge du Bronze (2 200-800 av. J.-C.), avant d'être oubliée durant 25 siècles, a été découverte en Charente (sud-ouest de la France), ont annoncé jeudi les responsables de l'Etat.

Poteries de la fin de l’âge du Bronze découvertes dans la caverne de la Licorne en Charente, à Rochefoucauld-en-Angoumois. © J. Primault / DRAC Nouvelle-Aquitaine, 2022
Poteries de la fin de l’âge du Bronze découvertes dans la caverne de la Licorne en Charente, à Rochefoucauld-en-Angoumois.
© J. Primault / DRAC Nouvelle-Aquitaine, 2022

Le site, baptisé Réseau de la Licorne par des spéléologues locaux à l'origine de la découverte en février 2021, « revêt un caractère exceptionnel tant par sa richesse archéologique que par son état de conservation », souligne le ministère de la Culture.

Cette « grotte sépulcrale » formée d'une succession de salles et de galeries sur un kilomètre linéaire, et à une vingtaine de mètres de profondeur, a été découverte à La Rochefoucauld-en-Angoumois, sur le bourg de Saint-Projet-Saint-Constant, au nord-est d'Angoulême, lors de travaux d'aménagement de voirie et... l'installation d'un lampadaire.

Une douzaine de crânes, des restes d'animaux, des céramiques dont certaines intactes, des traces de foyers et même celles de pieds nus d'enfants, ont été repérés sur le site dont l'étude est un « défi scientifique » en raison de sa taille et de sa très grande fréquentation pendant plus d'un millénaire, ont estimé les archéologues lors d'une conférence de presse dans la mairie de la commune charentaise.

Cette étude, sur laquelle devront être mobilisés archéozoologues, spécialistes de la protohistoire, des rites funéraires, des graines, des pollens ou encore des géomètres, devrait permettre de renseigner sur les pratiques et gestes funéraires de la période grâce à « un état parfait de conservation ».

Le « caractère exceptionnel de cette magnifique découverte vient de la fossilisation du lieu », selon le préhistorien Jérôme Primault, du service régional d'archéologie de Poitou-Charentes, « on y entre en l'état d'abandon de plus de 2 500 ans ».

Selon les premières observations, la grotte a en effet été occupée de l'âge du Bronze ancien jusqu'au Bronze final avant que son entrée originelle ne soit condamnée, peut-être intentionnellement, « mettant un terme à près de 1 300 ans d'occupation ».

Dans ce réseau « totalement labyrinthique, relié par des galeries plus ou moins praticables », les dispositions de restes humains, les vestiges de consommation d'animaux, les poteries cassées peut-être intentionnellement, etc. sont des « documents inédits sur les gestes funéraires » du temps, selon le spécialiste.

Des humains ont caché des vases dans des anfractuosités de roches, des crânes sont isolés d'autres sépultures, à côté d'ossements qui n'appartiennent pas au même individu, « toutes les questions restent posées », selon M. Primault.

« Il est impossible de dénombrer les céramiques brisées, sans doute des centaines, on ne peut pas explorer tous les espaces au risque de tout abîmer », selon l'expert.

Dès la découverte et « face à la richesse apparente des vestiges », le passage a été balisé et l'accès au site fermé par une grille, pour interdire toute visite autre qu'à but scientifique sur un site d'une « immense fragilité », le sol étant « jonché de matériel archéologique ».

Cet article a été publié par l'AFP le 3 mars 2022.

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