Festival

ARTS NUMÉRIQUES

Son et lumière arty sur Metz

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 4 juillet 2019 - 503 mots

METZ

Le festival « Constellations » affirme son appétence pour la création numérique avec un parcours nocturne dans la ville.

Metz. Avec une quinzaine de lieux patrimoniaux accueillant chacun une œuvre – dont huit créations originales –, le parcours « Pierres numériques », qui s’étend sur deux kilomètres, est le temps fort du festival « Constellations de Metz ». Pour sa troisième édition, et alors qu’elle aurait attiré l’an passé 950 000 visiteurs, la manifestation estivale de la cité messine mise en effet sur la création contemporaine 2.0.

Le mapping vidéo projeté en façade de sa cathédrale en constitue la porte d’entrée « grand public ». Morphosis [voir illustration] est une œuvre associant Vincent Masson, dont c’est la première réalisation en France, et le collectif de création sonore Sin – auquel collabore, entre autres, le compositeur Flavien Berger. Renforcé par un puissant système d’éclairage sur mesure, ce trompe-l’œil animé géant offre une version colorisée dynamique de l’édifice gothique en s’inspirant de la course du soleil reflétée par ses très nombreux vitraux. Une palette chromatique allant du bleu au rouge flamboyant pour revenir aux teintes froides suggère un effet de boucle temporelle, tout comme la musique électronique répétitive aux accents symphoniques. Au rythme de quatre « séances » chaque soir, ce mapping spectaculaire riche en détails texturés est à la fois la porte d’entrée et le clou du « feu d’artifice » orchestré par la direction culturelle de Metz. Il souligne le rôle structurant de l’architecture pour ces dispositifs visuels et sonores disposés dans la ville et qui viennent, dans le meilleur des cas, la révéler, voire la sublimer. Ainsi de la belle et silencieuse Mutation du visible d’Anais Tondeur, dont les dessins de lune en noir et blanc ont été nourris par un abondant travail de recherche tant scientifique que littéraire. Leur énigmatique présence sélénographique surgit à plusieurs endroits du quartier de la préfecture et retient le regard.

Un rapport ambigu au contexte

Projetée sur un écran d’eau au milieu de la Moselle, l’œuvre Constellations de Joanie Lemercier – créée en 2018 – trouve pour sa part dans ce voile aquatique impalpable une iridescence naturellement poétique. Mais l’esthétique mathématique de beaucoup de ces créations, quand bien même elles en appellent à l’infini du cosmos, limite quelque peu leur portée. Pulsation hypnoptique (1,3 seconde) dans la basilique Saint-Vincent, pesante cérémonie d’anticipation In Vivam Memoriam au Temple neuf, la subtilité n’est pas non plus toujours de mise dans leur scénario. L’installation paraît parfois même envahir son écrin d’accueil, comme dans le cas de Frame Perspective (Olivier Ratsi). Ce jeu d’optique au fort potentiel « instagrammable », tout en donnant accès au cloître de l’hôtel de Région, écrase l’harmonie de ses galeries et de son jardin. On s’aventurera avec curiosité en revanche dans les arcanes du moulin des Thermes, rarement ouvert au public, et qui abrite pour l’occasion Mécaniques discursives (Frédéric Penelle, Yannick Jacquet). Cette narration graphique hybride mélange gravures sur bois et technologies digitales dans un petit théâtre aux rouages horlogers. La qualité générale des productions est quant à elle à mettre au crédit de cette manifestation aux ambitions européennes.

Constellations de Metz,
jusqu’au 7 septembre, constellations-metz.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°527 du 5 juillet 2019, avec le titre suivant : Son et lumière arty sur metz

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