Histoire de l'art

Les Gênes du Futurisme

Marinetti fait escale dans la capitale ligure

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 19 décembre 1997 - 471 mots

En 1915, lors d’une soirée futuriste épique au Politeama Genovese, Filippo Tommaso Marinetti avait proclamé qu’en raison de sa vitalité, de son vacarme et de l’activisme économique qui lui sont propres, “Gênes est la seule ville futuriste d’Italie”. Aujourd’hui, plus de quatre-vingts ans après, la capitale de la Ligurie consacre une importante exposition au mouvement.

GÊNES - À travers l’art, l’architecture, le théâtre et la littérature, le Palazzo Ducale de Gênes propose une relecture inédite des principaux thèmes de l’imaginaire poétique futuriste, de 1909 – année de publication à Paris du Manifeste du Futurisme  – à 1944 – lorsque disparaît Marinetti et que se dissout le mouvement.

Plus de quatre cents pièces de la production futuriste, comprenant peintures, sculptures, projets architecturaux, arts décoratifs, dessins et esquisses, et provenant de collections publiques et privées, italiennes et étrangères, sont réparties en onze sections qui rendent compte de l’ensemble des modes d’expression culturels de la poétique futuriste.

La première section est emblématiquement consacrée au thème de “la métropole”, le rapport des futuristes avec la ville étant essentiel. “La vitesse” est représentée par la Fillette courant sur le balcon (1912), de Balla, et Vitesse de bateau à vapeur (1919-1924), de Benedetta. “La simultanéité” débute avec les œuvres de Boccioni consacrées à la transformation radicale de l’objet représenté, pour arriver à Carrà, Balla et Severini. “L’Individu” est étudié à travers les thèmes du portrait, de l’assimilation de l’homme à la machine – L’hom­­me rationnel (1928) de Diul­gheroff –, de l’homme nouveau projeté vers le futur, symbolisé par Mari­netti, et enfin, du monde féminin.

Une synthèse des arts
“L’état d’âme” est exploré dans la représentation de l’équivalent psychique de l’objet et de son espace de relation, à travers la célèbre série exécutée par Boccioni en 1911. “Nature et cosmos” traite, en revanche, du dépassement des conceptions naturalistes du XIXe siècle et des aspirations mystiques.

“La guerre” est un sujet fondamental, qui témoigne des fortes connexions entre la complexité culturelle du Futurisme et les événements historiques de l’époque, depuis la politique interventionniste de la Grande Guerre jusqu’au militarisme du régime perceptible dans nombre d’œuvres des années trente et quarante. “La spiritualité” est définie par les commissaires comme une ligne de recherche oscillant entre une version lyrique et une autre, plus religieuse, attestée par le Manifesto dell’arte sacra futurista qu’ont cosigné Fillia et Marinetti en 1931. Le parcours se conclut avec “La maison” et “La scène”, cette dernière section étant une mise en pratique des principes d’unité entre les arts exercés par les futuristes, aussi bien dans le domaine théâtral que musical.

LES GRANDS THÈMES DU FUTURISME, 1909-1944, jusqu’au 8 mars, Palazzo Ducale, piazza Matteotti 5, Gênes, tél. 39 10 56 24 40, tlj sauf lundi 9h-21h. Puis, 28 mars-28 juin, Fondation Mazzotta, Foro Bonaparte 50, Milan, tél. 39 2 87 81 97, tlj sauf lundi 10h-19h30, jeudi 10h-22h30.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : Les Gênes du Futurisme

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque