Festival - Photographie

Le festival photo de Corbeil-Essonnes trace sa route

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 11 mai 2022 - 469 mots

CORBEIL-ESSONNES

L’Œil urbain explore depuis dix ans l’urbanité, avec un penchant pour la photographie documentaire.

Le festival photographique L’Œil urbain fête ses dix ans et se place cette année sous le thème de l’engagement. Et ce pour plusieurs raisons. La première relève de l’investissement personnel de ses fondateurs, Lionel Antoni et Élisabeth Hébert, et de leur obstination à présenter chaque année un programme d’une belle teneur, malgré un petit budget – 38 000 euros financés par la Ville de Corbeil-Essonnes, plus 20 000 euros du Département et de l’Agglomération pour rémunérer les photographes et une partie de la production des expositions. Dès le début, le festival a en effet établi pour règle de rémunérer les photographes exposés. Puis, l’élection 2020 à la mairie de Corbeil-Essonnes de Bruno Piriou (divers gauche) – qui a mis fin à l’ère Serge Dassault – a entraîné un autre type d’engagement partagé avec les organisateurs : faire la part belle à des travaux documentaires de photographes en prise avec notre époque, comme on a pu le constater lors de cette édition anniversaire.

La ville se raconte en photo

La programmation s’équilibre cette année encore entre jeunes générations et photographes plus connus. La moitié des expositions sont en extérieur, notamment celle de William Klein – à sa demande. L’accrochage de ses photographies de New York, de Rome, Moscou et de bien d’autres villes, passées depuis longtemps à la postérité, sur les façades de la halle du marché, du théâtre de la ville, des moulins Soufflet ou sur les berges de la Seine, est l’un des temps forts du festival.

La commanderie Saint-Jean abrite « Terre désirée » de Guillaume Herbaut qui développe chronologiquement ses différentes séries réalisées en Ukraine depuis plus de vingt ans, de la zone de Tchernobyl à la guerre du Donbass. Un récit au long cours, récompensé en mars dernier par son troisième World Press Photo, catégorie « Long-term project », qui frappe autant par la subtilité des images et la scénographie que par la pertinence des questions qu’il posait bien avant que la guerre en Ukraine n’éclate. À la médiathèque, ce sont d’autres guerres qu’évoque « Mediterraneum » d’Édouard Elias, reportage sur un des premiers sauvetages en mer opérés en 2016 par l’Aquarius. Au square Crété, l’enquête de la jeune Paloma Laudet sur les conséquences des politiques migratoires constatées notamment à Calais fait montre d’une grande rigueur et de cohérence visuelle. Il en est de même pour le travail d’Anthony Micallef sur le devenir des milliers personnes délogées après l’effondrement de deux immeubles au centre de Marseille.

On pourrait aussi citer les récits de Rip Hopkins et Sandra Mehl sur les habitants de Corbeil-Essonnes réalisés dans le cadre des résidences organisées par L’Œil urbain, l’odyssée de jeunes mineurs marocains de Tétouan à Paris suivie par Hervé Lequeux ou les productions photographiques du collectif lyonnais « item » ; toutes ces expositions confirment la qualité de ce festival francilien.

L’Œil urbain,
jusqu’au 22 mai, dans plusieurs lieux de la ville, 91100 Corbeil-Essonnes.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°588 du 29 avril 2022, avec le titre suivant : Le festival photo de Corbeil-Essonnes trace sa route

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