Art moderne

Laurent Manœuvre : « Réhabiliter ces créateurs moins reconnus qui ont néanmoins influencé d’autres artistes »

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 23 avril 2025 - 399 mots

Entretien avec Laurent Manœuvre, historien de l’art et commissaire de l’exposition « Boudin, père de l’impressionnisme » , au Musée Marmottan Monet.

Comment est née cette exposition ?

En faisant la connaissance du collectionneur Yann Guyonvarc’h et en découvrant la richesse et la qualité de sa collection d’œuvres de Boudin, j’ai été absolument émerveillé. L’œil de cet amoureux de Boudin, qui vit parmi ses tableaux accrochés sur tous les murs, est extrêmement sûr. Sa collection de près de 200 œuvres couvre toute la carrière de l’artiste, aussi bien des tableaux aboutis que des études. Son désir était de les montrer à l’occasion du bicentenaire de Boudin, né en 1824.

Pourquoi exposer Boudin au Musée Marmottan, qui est l’écrin du premier fonds mondial d’œuvres de Claude Monet ?

Monet est devenu peintre grâce à Boudin. Il est particulièrement intéressant de faire dialoguer leurs œuvres, lorsqu’elles abordent la même thématique, ou lorsqu’elles ont été peintes à une même date. Mais nous présentons également des œuvres de Boudin acquises par Monet et données au Musée Marmottan, ainsi que des caricatures exécutées par le jeune Monet, avant de découvrir la peinture en plein air aux côtés de celui que Camille Corot appelle le « roi des ciels ».

En 2013, vous avez présenté une exposition consacrée à Eugène Boudin au Musée Jacquemart-André. Qu’apporte celle-ci par rapport à la précédente ?

L’espace d’exposition étant plus important, elle comporte plus d’œuvres : elle est sans doute plus complète et cohérente. J’ai pu choisir 80 tableaux, qui illustrent aussi bien l’évolution du style de Boudin et les étapes de sa carrière que la variété des sujets qu’il représente, à travers des tableaux achevés, mais aussi des études.

Eugène Boudin sort ainsi de l’ombre. Qu’est-ce qui a fait obstacle à sa reconnaissance ?

Il est vrai qu’il est encore parfois considéré comme un petit maître, avec condescendance. Après sa mort, au début du XXe siècle, il est pourtant très apprécié et collectionné par le milieu artistique. Par ailleurs, il est présent non seulement dans les collections françaises, mais aussi américaines, grâce à Paul Durand-Ruel qui l’a introduit aux États-Unis. Je crois que l’histoire de l’art s’est longtemps focalisée sur les grands artistes – ces « phares » chantés par Charles Baudelaire –, avant de redécouvrir peu à peu les constellations d’artistes gravitant autour des grands maîtres et de réhabiliter ces créateurs moins reconnus qui ont néanmoins joué un rôle dans l’histoire de l’art, inventé des sujets, influencé d’autres artistes.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°785 du 1 mai 2025, avec le titre suivant : Laurent Manœuvre : « Réhabiliter ces créateurs moins reconnus qui ont néanmoins influencé d’autres artistes »

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque