Art contemporain

« L’afropolitanisme » à l’honneur

Par Pauline Vidal · L'ŒIL

Le 17 juillet 2019 - 297 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

L’art africain contemporain a le vent en poupe, comme en atteste la multiplication des biennales et des foires dédiées. 

Les artistes africains voyagent énormément et effectuent des résidences dans le monde entier. Mais les préjugés ont la vie dure. « Le cosmopolitanisme des artistes africains n’est pas toujours reconnu comme allant de soi du fait de l’histoire et de la pression du marché qui leur demandent de mimer une identité africaine authentique et archaïque », souligne Sandrine Collard, la commissaire de l’exposition qui se tient actuellement au Wiels. Directrice artistique de la prochaine biennale de Lubumbashi (Congo), cette dernière a réuni huit artistes africains nés entre 1965 et 1995, dont cinq sont passés par la résidence du Wiels. Sa proposition s’appuie sur le concept d’« afropolitanisme » inventé dans les années 2000 et défendu par le philosophe Achille Mbembe. Ce, « non pas pour nier l’africanisme mais comprendre que cette appartenance s’intègre dans une mondialité ». Georges Senga met face à face des photographies d’anciens cinémas désaffectés et de boutiques de vente de DVD confisqués lors du passage des frontières, faisant ainsi dialoguer l’histoire coloniale avec l’ère migratoire actuelle. Dans ses photos de studio et installations, Sinzo Aanza pointe les mécanismes du pouvoir à l’œuvre au Congo, où s’exerce un capitalisme féroce depuis la période coloniale. Electricien de formation et s’interrogeant sur le déséquilibre Nord-Sud, Jean Katambayi présente quant à lui des dessins d’« afrolampes » comme métaphores des difficultés de son pays. La toute jeune artiste Simnikiwe Buhlungu dresse des ponts entre l’Afrique et l’Amérique noire dans des vidéos pleines d’humour et d’ironie… Cette exposition, dont une partie sera exportée dans la biennale de Lubumbashi, apporte sa pierre à la construction d’un nouveau regard sur la scène africaine. Une scène faite d’identités multiples, hybrides et fluides.

« Transmissions mutiples : l’art à l’âge de l’afropolitanisme »

Wiels, avenue Van-Volxem 354, Bruxelles (Belgique), www.wiels.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : « L’afropolitanisme » à l’honneur

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