Art ancien

RENAISSANCE ITALIENNE

La Renaissance italienne sous le prisme des Alana

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 3 octobre 2019 - 519 mots

PARIS

Le Musée Jacquemart-André présente un résumé de l’art toscan et vénitien sélectionné par un couple de collectionneurs.

Paris. Une exposition au Musée Jacquemart-André est souvent l’occasion d’apercevoir des trésors rarement présentés au public. La collection Alana ne déroge pas à la règle : on retrouve ainsi Signorelli, Véronèse, Tintoret, Bronzino, Lorenzo Monaco, Vasari, Bellini. Mais ces grands noms y côtoient des maîtres oubliés, dont les œuvres prennent toute leur ampleur dans une présentation (dans la première salle) que certains qualifieraient de datée. Présenter des peintures de la Renaissance à la manière d’un antiquaire du XIXe siècle, en proposant un patchwork d’œuvres superposées sur un mur, cela pourrait sembler rétrograde. Il n’en est rien : au Musée Jacquemart-André, ce parti pris prend même des accents de modernité.

L’exposition ouvre, en effet, sur une salle où l’on découvre ainsi trois murs recouverts d’œuvres : à droite et au milieu, les dorures du gothique de la première Renaissance (XIVe et XVe siècle) ; à gauche, une sélection d’œuvres du Cinquecento. Devant cette abondance, le visiteur perd ses repères ; aujourd’hui, la scénographie tend plutôt à individualiser l’accrochage. Mais très vite, on comprend la cohérence de cette salle.

Sur chacun des murs, au centre de la composition, une grande œuvre préside : à droite, un fantastique Christ aux outrages de Niccolo di Pietro Gerini ; au milieu, un impressionnant retable anonyme, dont le fond rouge sang des panneaux illumine la pièce. Autour de ces pièces, les formats plus petits se déploient sur des lignes verticales et horizontales, s’offrant au visiteur selon le rythme imposé par leurs dimensions. Dans cette composition, l’œil se laisse attirer par de petits bijoux, comme cet apôtre de Carlo Crivelli, ou des morceaux de bravoures telle la Déposition de croix de Francesco Ubertini. Invitant le spectateur à un regard sensible, les murs présentent une diversité de formats, de palettes et de sujets, incluant même quelques sculptures, dont un tondo de Luca Della Robbia.

Le goût des collectionneurs

La suite du parcours épouse une organisation plus classique, chaque œuvre se présentant seule devant le visiteur selon un développement chronologique. Et si l’on perd un peu ce rapport sensible aux œuvres, la progression suit l’évolution du goût des collectionneurs. D’abord attirés par l’art des primitifs et de la première Renaissance, Alvaro Saieh et Ana Guzman ouvrent désormais leur collection aux grands peintres vénitiens du XVIe. En une salle sont ainsi présentées une scène de bataille dantesque de Tintoret et deux œuvres de Véronèse, où la rigueur du trait privilégiée jusqu’ici laisse place à la liberté de la touche. Une crucifixion de Savoldo joue habilement la transition entre ces deux univers.

Dans ce parcours chronologique, le visiteur garde le lien avec ce rapport à l’objet : un petit retable portatif par Franciabigio, ou un exemple rare d’huile sur albâtre de Gentileschi (voir ill.) lui rappellent que le sujet de l’exposition n’est pas la grande Histoire de l’art, mais la rencontre entre des objets singuliers et le regard de deux collectionneurs. Le conseil de ces derniers au public de l’exposition ? « Déambuler tranquillement, et s’arrêter devant les tableaux qui attirent l’attention. »

 

 

La collection Alana, chefs-d’œuvre de la peinture italienne,
jusqu’au 20 janvier 2020, Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, 75008 Paris

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°530 du 4 octobre 2019, avec le titre suivant : La Renaissance italienne sous le prisme des Alana

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque