Art ancien

XVIIIe

Fontainebleau sur les traces de Louis XV

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 26 avril 2016 - 665 mots

Le château de François Ier et Napoléon exhume les vestiges du règne de Louis XV, une démonstration aux confins de l’archéologie.

FONTAINBLEAU - « Coincé » entre François Ier et Napoléon, Louis XV n’est passé à la postérité à Fontainebleau que pour des actions jugées souvent très négatives : la perte de la Galerie d’Ulysse et des décors de Nicolo dell’Abbate dans les appartements de François Ier. « Mais sous Louis XV se sont dessinés les derniers grands projets pour Fontainebleau, sans faire table rase du passé, en modifiant et modernisant la résidence avec doigté et sensibilité », plaide Vincent Droguet, commissaire de l’exposition « Louis XV à Fontainebleau ». C’est donc à une réhabilitation en bonne et due forme que se livre le parcours, en forme d’investigation archéologique. « Louis XV est presque aussi éloigné qu’une civilisation antique » : l’affirmation du commissaire peut paraître excessive à première vue. Mais le constat apparaît de plus en plus pertinent au fil du parcours, qui propose de retrouver les traces du souverain à Fontainebleau, de 1724 à 1773. Au total, Louis XV passera plus de cinq années à Fontainebleau lors de ses séjours annuels marqués par les chasses royales. C’est l’objet de la salle d’introduction qui revient sur les grands événements qui marqueront la vie du roi dans l’emprise bellifontaine : son mariage avec Marie Leszczynska en 1725, la mort de son fils unique en 1765.

En architecture, Fontainebleau est l’objet de toutes les attentions du roi : il confie successivement à Robert de Cotte, Jacques V Gabriel, puis son fils Ange Jacques la difficile tâche de moderniser et d’harmoniser les édifices, parfois hétéroclites, du château. La salle dédiée à l’architecture est un peu aride pour les non-connaisseurs. Entre les projets non réalisés, les différentes variations de façades proposées au roi et la grande maquette réalisée pour l’occasion, les allers-retours sont fastidieux. Mais émerge l’idée du grand dessein d’un château monumental jamais abouti, préservant l’aile de la Belle cheminée, et surtout, l’apport des idées du siècle des Lumières, avec l’agrandissement croissant des appartements privés de la famille royale.

Reconstitution du décor rocaille
C’est surtout dans le décor intérieur que Louis XV impose sa marque, apportant la rocaille dans ses appartements privés, ceux de sa famille et de ses favorites. S’il reste beaucoup de décors in situ dans le château, l’exposition revient sur celui du cabinet de retraite de Louis XV, un espace privé où son goût personnel pouvait s’exprimer avec liberté. De ce cabinet, dont le décor a été largement modifié en 1785 par son petit-fils Louis XVI, les conservateurs du château ont retrouvé des « vestiges » de la boiserie, témoins de l’extrême finesse des menuisiers du roi. Quelques dessus-de-porte paysagers viennent évoquer le décor peint. Surtout, une proposition de remontage de la lanterne de la chapelle du château (démontée en 1772 et oubliée depuis) témoigne de la richesse du décor des espaces dédiés à la famille royale. Dans le mobilier comme dans le décor, quelques souvenirs subsistent, préservés de la Révolution et du dispersement des collections royales. Deux exemples de brocart, un cuir estampé doré, sont là pour illustrer l’apparat des chambres royales. Valérie Giscard d’Estaing a prêté une pendule monumentale commandée en 1755 pour le roi à Fontainebleau, disparue sous la Révolution, réapparue en vente en 1775. Venue du Louvre, la commode en laque japonaise du grand ébéniste Van Riesen Burgh retrouve sa place à Fontainebleau.
Remarquablement resserré, le corpus des objets choisis évoque ensuite d’autres espaces disparus : la salle à manger avec des tableaux de Parrocel, Lancret et Boucher, ou l’appartement octogonal de Madame du Barry, incroyable de luxe et de préciosité, très vite détruit par Louis XV. À Fontainebleau, les « vestiges » exhument un art de vivre royal.

Louis XV à Fontainebleau

Commissariat : Vincent Droguet, directeur du patrimoine et des collections du château de Fontainebleau, Vincent Cochet et Jean Vittet, conservateurs en chef, Musée national du château de Fontainebleau
Nombre d’œuvres : environ 140
Scénographie : Richard Peduzzi

Louis XV a fontainebleau, La « demeure des rois » au temps des lumiÈres

Jusqu’au 4 juillet, château de Fontainebleau, place Charles de Gaulle, 77300 Fontainebleau, tél.01 60 71 50 70, www.chateaudefontainebleau.fr, ouvert tlj sauf mardi, 9h30-18h, entrée 11 €. Catalogue, Éditions RMN-GP, 248 p., 39 €.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°456 du 29 avril 2016, avec le titre suivant : Fontainebleau sur les traces de Louis XV

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