Photographie

Et la photographie en couleur devint un art

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 12 septembre 2021 - 499 mots

AURILLAC

Le musée d’art et d’archéologie d’Aurillac raconte les dix ans qui ont suivi la reconnaissance de la photographie couleur en tant qu’art.

Aurillac. Le propos est audacieux pour un musée avec peu de moyens : raconter l’entrée de la photographie en couleur dans le champ artistique. Mais l’ambition n’est ni illégitime – le musée a fait de la photo son axe principal d’acquisition –, ni vaine car l’exposition est plutôt bien faite.

Son point de départ est symbolique : la présentation de clichés en couleur de William Eggleston puis de Stephen Shore par le Museum of Modern ART (MoMA) de New York en 1976. Jusqu’alors la photo couleur, associée à la publicité, la mode et aux photos souvenirs d’amateurs n’est pas considérée comme de l’art contrairement au noir et blanc. La sensibilité des pellicules, le coût des tirages de qualité et la prédominance du support sous forme de diapositive sont par ailleurs autant de freins pour intéresser les acheteurs publics ou privés. Mais cela n’empêchait pas plusieurs photographes de travailler la couleur dans des séries aujourd’hui reconnues, tels les portraits de Gisèle Freund au mitan du XXe siècle.

Enhardis par cette « légitimation new-yorkaise », de nombreux photographes s’emparent de la couleur, dans des travaux que le jeune commissaire Lilian Froger a regroupés par thème, afin de structurer le parcours. Le défi que constitue de photographier le ciel ou la mer pour Franco Fontana, Luigi Ghirri et Joel Meyerowitz ou plus encore de prendre des photos dans la nuit – rendu possible par les nouveaux films – est ainsi le prétexte à deux sections bien pensées. Les vues de Paris du Français Daniel Boudinet – le musée rend hommage à plusieurs de nos compatriotes – montrent bien que, la nuit, les rues ne sont pas toujours grises.

Si les clichés présentés à Aurillac de Bernard Plossu, Richard Misrach, ou Alain Sabatier s’apparentent à ce qu’on appellerait aujourd’hui la photo plasticienne, le parcours réserve une place de choix au pendant de la photo humaniste en noir et blanc : les « documents » – c’est ce qu’ils veulent être aussi – en couleurs de François Hers et bien sûr Martin Parr. La dernière section signe l’irruption de la photo non plus seulement dans le champ de l’art mais aussi de l’art contemporain avec la monumentalité des tirages (Thomas Ruff), la scénarisation (Nan Goldin) ou les deux (Jeff Wall).

Un nouveau site pour les musées d’Aurillac ?  

Musées. La municipalité envisage la construction d’un nouveau bâtiment sur un parking en bordure de la rivière la Jordanne pour abriter les deux musées de la ville. Ce ne serait pas du luxe. Le musée d’art et d’archéologie installé dans un espace culturel et le musée des volcans abrité dans le château Saint-Étienne sont un peu surannés et à peine mentionnés dans les dépliants touristiques. Une place de choix pourrait alors être faite à la donation Sergues – Wilkinson d’art moderne et contemporain dont une partie est actuellement exposée à la Sellerie, un édifice proche du musée.

1976-1986. Une décennie de photographie couleur,
jusqu’au 19 septembre, Musée d’art et d’archéologie, Centre Pierre-Mendès-France, 37, rue des Carmes, 15000 Aurillac.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°572 du 3 septembre 2021, avec le titre suivant : Et la photographie en couleur devint un art

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