Art contemporain

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David Hockney, le maître du plaisir

Par Itzhak Goldberg · Le Journal des Arts

Le 5 juin 2025 - 454 mots

La Fondation Louis Vuitton déploie les vingt-cinq dernières années de création du prolifique pop artiste britannique.

Paris. L’hégémonie des vedettes américaines du pop art – Andy Warhol, Roy Lichtenstein ou encore Tom Wesselmann, récemment montré à la Fondation Louis Vuitton – fait oublier que ce mouvement trouve son origine en Grande-Bretagne, avec l’exposition séminale « This is Tomorrow » qui se tint à Londres en 1956, à la Whitechapel Gallery.

Si l’on se rappelle que « pop art » est l’abréviation de « popular art », on comprend mieux la popularité exceptionnelle de David Hockney (né en 1937 au Royaume-Uni), célébré un peu partout. Jouissif, communiquant le plaisir de la peinture, son art a conquis un très large public. Certes, les quelques travaux exposés au début du parcours, dans un style qui doit beaucoup à Dubuffet, sont des manifestes plus ou moins explicites contre la persécution de l’homosexualité en Angleterre. Certes encore, les doubles portraits impressionnants réalisés à la fin des années 1960, tel le glaçant Christopher Isherwood and Don Bachardy, (1968), sont des toiles à part dans cette production picturale. Mais des œuvres comme Some Neat Cushions (1967) ou Savings and Loan Building, de la même année, sont des représentations littérales d’une réalité prosaïque, dans une veine chère au pop art.

Une nature exubérante

Cependant, à la différence de ses pairs, Hockney s’ouvre rapidement à la nature, qu’il met en scène à l’aide de couleurs exubérantes et de perspectives qu’il maltraite de manière spectaculaire. Cette partie de l’œuvre, ainsi que les nombreux portraits des personnes qui l’entourent, sont au cœur de l’exposition qui, à la différence de celle présentée en 2017 au Centre Pompidou, n’est pas une rétrospective. L’artiste, à l’âge de 87 ans, a souhaité montrer les œuvres couvrant les vingt-cinq dernières années et s’est grandement impliqué dans leur choix et leur présentation. Une volonté qui s’explique aussi par sa fascination relativement récente pour les images générées à l’aide d’un éventail de moyens technologiques actuels : copieurs, télécopieurs, iPhone, iPad. Si certaines de ces images sont remarquables, d’autres laissent à penser que Hockney exploite parfois avec excès un procédé. Par ailleurs, il est peut-être temps que la Fondation s’avise qu’il n’est pas nécessaire de remplir tous les étages, au risque d’un certain épuisement pour les visiteurs.

Quoi qu’il en soit, on est impressionné par les autoportraits de l’artiste, ces visages mouvants, étrange mélange de dissemblances et de ressemblances. Suivent des travaux inspirés des maîtres, à l’instar de curieuses versions du Massacre en Corée de Picasso ou de l’Annonciation de Fra Angelico.

Vient le grand final. Une magnifique vidéo, Bigger and Closer (2023), montrant les décors et costumes réalisés pour l’opéra d’Igor Stravinsky The Rake’s Progress, est un enchantement. Visiblement, avec Hockney, l’âge ne freine pas la création.

 

David Hockney 25,
jusqu’au 31 août, Fondation Louis Vuitton, 8, av. du Mahatma-Gandhi, 75116 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°657 du 6 juin 2025, avec le titre suivant : David Hockney, le maître du plaisir

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