C’était un artiste extrêmement apprécié en son temps et aujourd’hui peu connu et mal compris. Même par les historiens de l’art. C’est notre rôle de faire redécouvrir ce genre d’artistes et de les faire comprendre. En premier lieu parce que c’est un peintre et un dessinateur d’une incroyable virtuosité, puis parce que son œuvre est le miroir des débats qui animaient le Paris du XVIIIe siècle. Il fut ainsi un des interprètes les plus engagés de la pensée des philosophes, notamment autour de la question de l’enfance. Nous espérons faire connaître Greuze autrement, en allant au-delà des idées reçues et des préjugés, qui sont paradoxalement le résultat de son immense fortune critique et publique. Cet engouement a en effet suscité un nombre impressionnant de copies, essentiellement des jeunes filles se pâmant, qui sont d’une qualité bien inférieure à ses créations. Cette production a injustement donné une image mièvre de son travail.
Après son revival dans la seconde moitié du XIXe siècle, il tombe dans l’oubli en France. Il devient essentiellement un objet d’étude et de collection dans le milieu anglo-saxon. En France, la dernière grande exposition remonte aux années 1970 et a été organisée à Dijon, car Greuze est natif de Bourgogne. Mais, paradoxalement, il n’y en a pas eu dans la capitale alors que c’est le peintre emblématique du Paris des Lumières ! Je pense que son heure est enfin venue car son œuvre résonne avec nos préoccupations contemporaines, notamment ses tableaux qui évoquent les tragédies au sein de la famille et ses toiles qui racontent la prédation des jeunes filles.
La rareté d’une telle exposition a facilité les prêts. Nous avons ainsi obtenu des tableaux importants venant des États-Unis, d’Écosse ou encore des Pays-Bas, ainsi que beaucoup d’œuvres issues de collections privées, pour certaines inédites. Cela va être une extraordinaire occasion de voir des peintures et des dessins qu’on ne connaît pas. Nous avons par exemple retrouvé le portrait de sa fille avec son épagneul qui avait disparu de longue date. Nous avons également pu réunir de façon exceptionnelle des pendants historiques comme Le Petit Paresseux (1755) et Le Petit Écolier (1755-1757) ou La Simplicité (1759) conservée à Fort Worth (Texas) et notre Jeune Berger (1760-1761) qui se révèle pleinement après sa restauration. Je pense que cela constituera un moment très fort pour les amateurs de Greuze et une belle découverte pour le public qui ne le connaît pas encore.
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Annick Lemoine : « L’œuvre de Greuze résonne avec nos préoccupations contemporaines »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : Annick Lemoine : « L’œuvre de Greuze résonne avec nos préoccupations contemporaines »





