Art ancien

XVIIIE-XIXE SIÈCLES / VISITE GUIDÉE

Andrea Appiani, premier portraitiste de Napoléon

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 28 mai 2025 - 517 mots

Remarqué à Milan par Bonaparte, ce peintre déjà célèbre se mit à son service. Sa première grande rétrospective en France révèle ses multiples talents.

Rueil-Malmaison. En 2022, l’exposition de réouverture du château de Bois-Préau était consacrée à Eugène de Beauharnais. Le public a pu y découvrir des œuvres d’Andrea Appiani (1754-1817), portraitiste du vice-roi d’Italie et de son épouse. Qui se souvenait alors de l’exposition qu’avait montrée, à Paris, l’Institut culturel italien en 1990, la première en France dédiée à l’artiste milanais ? Trente-cinq ans après, il revenait au château de Bois-Préau d’organiser, sous le commissariat de Francesco Leone, Fernando Mazzocca et Simone Ferraro, la première grande rétrospective de celui que Napoléon, roi d’Italie, nomma son « Premier Peintre ». Il fut aussi membre de la Commission des arts de l’armée d’Italie puis commissaire pour les Beaux-Arts. À ces titres, il était chargé des réquisitions d’œuvres d’art : un essai de Serena Zanaboni détaille ce point dans le catalogue.

Attirés par le beau Portrait de Francesca Ghirardi Lechi (1803) figurant sur l’affiche, les visiteurs découvrent d’abord l’artiste faisant ses preuves à Milan sous les Habsbourg, avant sa rencontre avec le général Bonaparte à l’issue de sa victoire au Pont de Lodi (10 mai 1796). Les tableaux d’églises au néo-classicisme adouci par les influences de Corrège et Raphaël sont évoqués par des dessins préparatoires. Deux grandes détrempes sur toile du milieu des années 1780 mettent l’accent sur les commandes de décors intérieurs qui faisaient déjà sa réputation, y compris auprès de l’archiduc d’Autriche.

C’est donc un peintre accompli que rencontre Bonaparte en 1796. Dès le 16 mai, Appiani reçoit la commande d’un portrait du général triomphant. La petite huile sur bois, représentant le visage d’un Napoléon aux cheveux longs réalisé d’après nature et redécouverte récemment à la Pinacoteca Ambrosiana, est le plus ancien portrait connu du futur empereur. Elle a servi d’esquisse à l’allégorie Le Général Bonaparte et le Génie de la victoire gravant ses exploits à la bataille du pont de Lodi (1796). Auprès d’elle est présenté le beau dessin à la mine de plomb, Portrait de Bonaparte (1801), préparant une autre commande.

Plus que les portraits à l’huile pour lesquels Napoléon ne posait pas, ces deux études témoignent du talent d’Appiani pour saisir le caractère des modèles, tout comme une série de portraits de femmes et d’hommes exposée ensuite. Ce sont pourtant les grands décors qui donnent toute la mesure de ses capacités. Les vicissitudes de l’Histoire ont fait que certains ont disparu, ont été très altérés ou dispersés par les bombardements de Milan en 1943 : c’est le cas des Fastes de Napoléon, la frise d’une centaine de mètres du Palazzo Reale, composée de 35 grisailles, que l’on peut reconstituer grâce aux estampes qui en ont été tirées. Le dessinateur virtuose des études préparatoires et des cartons pour la Villa Reale de Monza (1792), le Palazzo Sannazzaro de Milan (1795-1796) ou l’église Santa Maria dei Miracoli presso San Celso (vers 1812) laisse aussi deviner le grand fresquiste qu’était Appiani, admiré en Italie par Antonio Canova et Bertel Thorvaldsen et auquel, à Paris, Jacques-Louis David demanda des leçons.

Appiani (1754-1817). Le peintre de Napoléon en Italie,
jusqu’au 28 juillet, château de Bois-Préau, Musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, 18, avenue de l’Impératrice Joséphine, 92500 Rueil-Malmaison.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°656 du 23 mai 2025, avec le titre suivant : Andrea Appiani, premier portraitiste de Napoléon

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