Cette église de Montpellier devenu le Carré Sainte-Anne a bénéficié de travaux structurels.

Montpellier (Hérault). De part et d’autre du portail de l’église Sainte-Anne, les anges thuriféraires d’Auguste Baussan ont retrouvé de leur superbe. Construite sous la supervision de l’architecte Jean Cassan entre 1866 et 1872 dans un style néogothique, puis désacralisée à la fin des années 1980, Sainte-Anne s’est imposée comme un incontournable du paysage culturel montpelliérain après sa réhabilitation en espace d’art contemporain en 1991. Mais l’édifice a révélé par la suite d’importantes fragilités structurelles, précipitant sa fermeture en 2017. S’en est suivi un chantier de rénovation colossal : deux années de diagnostic et près de trente mois de travaux pour un budget global de 5 millions d’euros, entièrement financé par la Ville, propriétaire de l’église depuis 1857. Après huit longues années de fermeture, le Carré Sainte-Anne célèbre sa mue avec une exposition de JR se fondant parfaitement dans son écrin religieux.
« Cet immense chantier s’inscrit dans la dynamique de notre candidature au titre de “Capitale européenne de la culture 2028” », expliquait fin 2024 Michaël Delafosse, le maire (PS) de Montpellier. Sous la houlette de la société Altémed, mandatée par la Ville, Compagnons du devoir et artisans d’art se sont relayés tout au long de l’année 2023 pour réaliser les travaux de gros œuvre et la restauration des voûtes, vitraux et décors peints. À la suite de la rénovation des deux piliers du clocher, de la pose de tirants sur les 14 colonnes de la nef et de la révision des charpentes, les 30 vitraux d’origine, signés du maître verrier Pagès, ont retrouvé leur éclat grâce à l’intervention de l’Atelier Vitrail Montpellier et des vitraillistes Maxime et Jean-Pierre Dyga.
S’agissant des voûtes, leur remise à neuf a été confiée aux tailleurs de pierre de l’entreprise Muzzarelli. Paola Casaccio et Mireille Biancavilla, dirigeantes de Biorestauro, se sont quant à elles attelées, pendant six mois, à la restauration des nombreux décors peints des plafonds, clés de voûte, médaillons, colonnes et piliers latéraux. L’ouverture en 2024 des quatre chapelles, de la nef et du chœur permet aujourd’hui au Carré Sainte-Anne de disposer d’un espace d’exposition d’une surface de 700 m². Réfection des sols, installation de cimaises, de sanitaires, de locaux techniques, d’une banque d’accueil et d’un système de chauffage au sol : l’édifice propose une expérience de visite entièrement renouvelée (et gratuite), d’autant que l’accès au site s’effectue désormais par le parvis historique.
Pour l’exposition inaugurale « Adventice » (du latin ad venire, « ce qui vient de l’extérieur »), l’artiste JR a érigé un arbre monumental dans l’église, dont les multiples ramifications se déploient entre les colonnes de la nef. En guise de feuillage, des « bouquets » de mains humaines, formés à partir de milliers de photocopies. Une constellation d’empreintes de mains suspendues au plafond parsème également le ciel de la nef. Une référence à l’enracinement d’essences étrangères dans la ville au Moyen Âge, selon Numa Hambursin, commissaire de l’exposition et directeur du Mo.Co. Difficile de ne pas voir dans cette installation une allusion à l’Arbre de vie de la Genèse, quand les battements de cœur émanant de son écorce renforcent un peu plus cette impression. Un Arbre de vie bien vivant, amené à s’enrichir de nouvelles mains pendant toute la durée de l’exposition (jusqu’au 7 décembre), une photocopieuse étant installée à l’entrée de l’église.
Outre les références subtiles à l’art chrétien – l’Arbre de vie, mais aussi le triptyque situé dans le chœur de l’église, qui rappelle un retable du point de vue du format et de l’emplacement –, JR parvient à tisser un dialogue singulier entre l’installation et son environnement par le biais de l’éclairage : les ombres des mains sur les murs latéraux de la nef et sur le sol, de différentes intensités, se marient très bien aux reflets colorés des vitraux traversés par des rayons de soleil.
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Sainte-Anne rouvre avec une œuvre monumentale de JR
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°659 du 4 juillet 2025, avec le titre suivant : Sainte-Anne rouvre avec une œuvre monumentale de JR