Art contemporain - Centre d'art

La plus grande fortune de Russie va ouvrir un centre d’art contemporain

Par Emmanuel Grynszpan, correspondant à Moscou · lejournaldesarts.fr

Le 30 octobre 2019 - 433 mots

MOSCOU / RUSSIE

Renzo Piano va aménager une ancienne centrale électrique en plein centre de Moscou.

Leonid Mikhelson © Photo Kremlin
Leonid Mikhelson
© Photo Kremlin

Le milliardaire russe Leonid Mikhelson a commencé à lever le voile sur « le projet le plus important de ma vie ». Le siège de la fondation pour l'art contemporain V-A-C (Victoria Art Contemporain), s'installera dans « GES-2 », l'ancienne centrale électrique qui alimentait le centre de Moscou. À deux pas du Kremlin, GES-2 est en ce moment reconstruite sur les plans du célèbre architecte Renzo Piano (co-auteur, avec Richard Rogers, du Centre Pompidou). Un choix risqué, car de très nombreux Moscovites rentrant de Paris disent à propos du Centre Pompidou : « pourquoi cette horreur pleine de tuyaux en plein centre ? »

Le projet du musée GES-2 à Moscou. © Renzo Piano Building Workshop.
Le projet du musée GES-2 à Moscou
© Renzo Piano Building Workshop

Durant une conférence de presse le 29 octobre à l'agence Tass, Leonid Mikhelson visiblement ému et intimidé a lâché du bout des lèvres la date d'ouverture de ce nouveau lieu culturel très attendu : septembre 2020. Personnalité très discrète, la plus grande fortune de Russie (27,3 milliards de dollars selon Forbes) a fait pirouette sur pirouette pour ne pas donner de chiffres. « Bloomberg parle de 130 millions de dollars », lui lance un journaliste. « C'était un chiffre douloureux », réplique l'homme d'affaires. « Au final, la somme est deux fois supérieure à ce chiffre douloureux », ironise-t-il, pour mettre un point final à la discussion. 

Nul doute que l'investissement est considérable, au vu de la taille du bâtiment et de sa reconfiguration complète. Mêmes les fondations de la centrale électrique ont été refaites, pendant que la structure était temporairement surélevée. Le bâtiment, qui conservera le nom de GES-2, aura une programmation prolongeant la ligne de V-A-C, à savoir le « travail sur les zones problématiques de l'histoire russe » et les processus culturels contemporains.

Projet ambitieux, GES-2 ouvrira ses portes 12 ans après le Garage Museum du milliardaire Roman Abramovitch et de son ex-épouse Daria Joukova, également consacré à l'art contemporain. Plus central que le Garage, GES-2 se situe symboliquement à mi-chemin entre la Galerie Tretiakov et le Musée Pouchkine, deux institutions d'État longtemps conservatrices mais qui s'ouvrent désormais rapidement à la création contemporaine.

Venu récemment à l'art contemporain, le milliardaire a fait fortune dans les hydrocarbures en bâtissant le premier groupe gazier privé du pays. Novatek, dans lequel le groupe français Total possède 16 % des parts, produit près d'un dixième du gaz russe et investit massivement dans des projets pharaoniques dans l'Arctique. Leonid Mikhelson contrôle également le groupe pétrochimique Sibur, qui émerge rapidement comme un géant mondial du plastique. Prudent et secret, restant à l'écart des jeux politiques, l'homme d'affaires bénéficie d'une protection à travers son partenaire dans Novatek et dans Sibur, Guennadi Timtchenko, un vieil ami de Vladimir Poutine.

Vue intérieure du Projet du musée GES-2 à Moscou © Renzo Piano Building Workshop
Vue intérieure du Projet du musée GES-2 à Moscou
© Renzo Piano Building Workshop

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