Allemagne - Art contemporain - Disparition

Günther Uecker, figure du groupe ZERO, s’est éteint à 95 ans

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 13 juin 2025 - 401 mots

Avec ses reliefs faits de clous et son travail sur la lumière, Günther Uecker a imposé un langage unique au sein du groupe ZERO.

Günther Uecker photographié par Lothar Wolleh. © Lothar Wolleh, CC BY-SA 3.0
Günther Uecker photographié par Lothar Wolleh.

Günther Uecker, maître du clou et figure du groupe ZERO, est décédé le 10 juin 2025 à l‘âge de 95 ans à Düsseldorf, a annoncé la ZERO Foundation. Figure incontournable de l’avant-garde allemande de l’après-guerre, il laisse derrière lui une œuvre marquée par l’expérimentation de la lumière, du mouvement et de la répétition.

Né en 1930 à Wendorf, en ex-RDA, Günther Uecker a connu la guerre dès son adolescence avant de fuir l’Allemagne de l’Est en 1953. Installé à Düsseldorf, il suit une formation à l’Académie des beaux-arts entre 1955 et 1958, où il fut l’élève d’Otto Pankok. C’est dans cette ville, devenue l’un des foyers de l’avant-garde européenne de l’après-guerre, qu’il rencontre Heinz Mack et Otto Piene, fondateurs du groupe ZERO, qu’il rejoint officiellement en 1961. Le collectif cherche alors à  « repartir de zéro » en abandonnant l’expressionnisme dominant pour se concentrer sur la lumière, le mouvement et l’espace. « Après la Seconde Guerre mondiale, nous avions besoin d’un art nouveau, débarrassé des charges émotionnelles et du pathos de l’histoire allemande », expliquait Uecker dans une interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung en 2014.

Rapidement, Uecker développe une technique singulière qui définira toute sa carrière« : l’utilisation systématique du clou. Plantés à la main par milliers sur des surfaces blanches, les clous créent des reliefs vibratoires qui modifient l’apparence de l’œuvre selon l’angle de vue et la lumière ambiante. Ce geste répétitif, qu’il a souvent qualifié de « méditatif », devient central dans son processus de création. « Ce n’est pas l’objet qui m’intéresse, c’est l’énergie qu’il diffuse », déclarait-il au New York Times en 2014.

Uecker a reçu plusieurs distinctions tout au long de sa carrière, dont le Kaiserring de Goslar en 1983, l’Ordre du Mérite en 2000 et la Croix fédérale du Mérite en 2001. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions internationales, notamment « ZERO: Countdown to Tomorrow » au Guggenheim de New York en 2014, ainsi qu’à la galerie Lévy Gorvy Dayan en 2021 et en 2024 à Londres.

Jusqu’à ses dernières années, Uecker est resté actif, poursuivant un travail régulier dans son atelier de Düsseldorf. Sa disparition met fin à la trajectoire de l’un des derniers représentants directs de l’avant-garde allemande d’après-guerre. Selon la ZERO Foundation, « son œuvre continue d’inspirer par sa radicalité formelle et sa réflexion sur la perception ».
 

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