Disparition - États-Unis

Françoise Gilot (1921-2023)

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 14 juin 2023 - 612 mots

NEW YORK / ÉTATS-UNIS

L’ancienne compagne de Picasso entre 1944 et 1953 a reçu très tardivement la reconnaissance pour son travail d’artiste. 

Françoise Gilot, Claude et Pablo Picasso devant La Galloise à Vallauris, septembre 1949. © DR
Françoise Gilot, Claude et Pablo Picasso devant La Galloise à Vallauris, septembre 1949.
© D.R.

La disparition de Françoise Gilot, le 6 juin dernier à New York a suscité de nombreux hommages. Ainsi, Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, souligne « l’œuvre intime et personnelle, singulière et puissante » de Françoise Gilot, tandis que Cécile Debray, présidente du Musée Picasso, célèbre son indépendance, déclarant que Gilot « a développé une peinture aux accents picassiens et matissiens qui s’affranchit vite de la leçon de ses aînés pour s’épanouir dans une forme de stylisation végétale et d’abstraction chromatique puissante qu’il s’agira de montrer davantage ». Olivier Widmaier Picasso, fils de Maya Ruiz-Picasso (1935-2022) et petit-fils du peintre, dépeint, quant à lui, Françoise Gilot comme une femme forte « à la bienveillance vigilante », qui triompha du grand Picasso. 

Née en 1921, dans la banlieue parisienne, à Neuilly-sur-Seine, Gilot a étudié la philosophie et le droit avant de se consacrer pleinement à son art. Alors qu’elle expose son travail pour la première fois, à la galerie Madeleine Decre, dans le 8e arrondissement, en 1943, elle rencontre Picasso qui lui fait la cour. Elle a 21 ans, lui, 61. Ils vivent ensemble durant 10 ans, pendant lesquels elle expose chez Kahnweiler et signe avec des galeries à Londres et New York. 

Picasso, qui surnomme Gilot « la femme qui dit non », est de plus en plus dominateur, emprise dont elle parvient à s’extraire en le quittant en 1953. Elle est la seule femme à avoir eu le courage de quitter Picasso, « les autres sont devenues folles ou se sont suicidées », explique sa biographe, Annie Maïllis, en faisant référence à Marie-Thérèse Walter (1909-1977) et Jacqueline Roque (1927-1986).

Françoise Gilot sur la plage, s'entraînant à cheval, juillet 1954. © Archives Annie Maillis
Françoise Gilot sur la plage, s'entraînant à cheval, juillet 1954.
© Archives Annie Maillis

Françoise Gilot poursuit sa carrière artistique en retournant vers l’abstraction et les couleurs saturées, même si Picasso fait pression sur les galeries pour ne pas montrer son travail, la poussant à partir aux États-Unis. Elle épouse en 1955 son ami d’enfance, le peintre français, Luc Simon (1924-2011), et a une fille, Aurélia, l’année suivante. 

En 1964, Françoise Gilot publie ses mémoires, Vivre avec Picasso, dans lesquelles elle décrit son parcours et son quotidien avec le peintre espagnol qu’elle décrit comme tyrannique, égoïste, sadique et cruel. Scandalisé qu’elle dévoile leur intimité dans un livre, Picasso cherche à le faire interdire – sans succès – et cesse de voir ses enfants, Claude et Paloma. 

Elle refait une nouvelle fois sa vie avec le biologiste, Jonas Salk (1914-1995) en 1970, et le suit sur la côte ouest, avant de retourner à Manhattan en 1995, après la mort de son mari, où elle s’installe dans le quartier de l’Upper West Side. Jusqu’au bout, elle a continué à peindre des œuvres géométriques mêlant abstraction et figuration, aux coloris intenses dominés par un rouge vibrant.

Les œuvres de la « femme-fleur » sont conservées dans les collections permanentes d’importants musées tels que le Centre Pompidou, le Metropolitan Museum of Art, le Museum of Modern Art de New York ou encore, le National Museum of Women in the Arts, à Washington DC. Mais si son travail a été présenté au public à plusieurs reprises dans son pays d’adoption, il faut attendre 2012 pour qu’une exposition lui rende enfin hommage en France. La ville de Nîmes a organisé une exposition intitulée « Françoise Gilot sous le soleil de Nîmes et Picasso », suivi par le Musée Estrine de Saint-Rémy de Provence qui lui consacre, en 2021, une rétrospective, « Françoise Gilot, les années françaises », où sont réunies une cinquantaine de ses œuvres pour mettre en lumière sa carrière de peintre avant son départ aux États-Unis. 

Sur le marché, son tableau Paloma à la guitare (1965) a été adjugé 1,3 million de dollars aux enchères chez Sotheby’s, à Londres, en 2021. 

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