Cécile Debray - Musée Picasso

Un motif de déception ? Pas le moins du monde, assure la conservatrice, qui cite pour nous en convaincre le nom des gens « brillants » auxquels elle succède : Jean Clair, Anne Baldassari, Laurent Le Bon. Tant mieux ! Car la tâche est grande pour faire entrer Picasso dans le siècle de #MeToo et de l’appropriation culturelle. Commissaire d’expositions remarquables, dont « Marcel Duchamp. La peinture, même » à Beaubourg, Cécile Debray possède les armes pour cela : une solide connaissance de l’histoire de l’art – médiéviste passée par Orsay, elle a fait des avant-gardes son champ de prédilection –, des institutions – elle a dirigé l’Orangerie, après avoir travaillé au Musée d’art moderne de Paris et au Centre Pompidou – et une force de conviction inaltérable. On peut donc lui faire confiance pour détricoter l’historiographie très (trop ?) masculine de Picasso, comme pour voir les résonances du maître auprès d’artistes d’aujourd’hui (Faith Ringgold, Kerry James Marshall, Farah Atassi, etc.), sans écarter les sujets qui fâchent. L’invitation lancée à Orlan ne souffre à ce sujet aucune ambiguïté, dont le titre choisi pour son exposition visible jusqu’en septembre est « Les femmes qui pleurent sont en colère ». En attendant les prochains accrochages consacrés à Sophie Calle, Jasper Johns et Jackson Pollock, Cécile Debray prépare le musée pour les célébrations des 50 ans de la disparition de l’artiste, en 2023, avec un réaccrochage des collections et l’ouverture d’un centre d’études. Bienvenue au XXIe siècle monsieur Picasso !