Artisanat d'art - Prix

Des acteurs variés, des enjeux croisés

Par Lorraine Lebrun · Le Journal des Arts

Le 17 mars 2021 - 745 mots

La multiplication récente des distinctions pousse les principaux prix à valoriser leur singularité et à continuer d’évoluer pour accompagner au mieux les jeunes professionnels lauréats..

Anne-Charlotte Saliba, lauréate 2020 du prix Jeune Création Métiers d'Art des Ateliers d'Art de France, au travail dans son atelier. © Alex Gallosi.
Anne-Charlotte Saliba, lauréate 2020 du prix Jeune Création Métiers d'Art des Ateliers d'Art de France, au travail dans son atelier.
© Alex Gallosi

Prix. Si la liste des « métiers d’art » n’est établie qu’en 2015, le terme apparaît en 1976, lorsque Valéry Giscard d’Estaing instaure les Grands Prix nationaux du président de la République pour les métiers d’art. La Société d’encouragement aux métiers d’art (Sema) est fondée un an plus tard et, avec elle, le prix Sema jeune (devenu prix Avenir de l’INMA) et le prix Sema professionnel (actuel Concours Ateliers d’art), cherchant à asseoir une réputation d’excellence individuelle et collective. Le prix de la Jeune création décerné par les Ateliers d’art de France (AAF) a quant à lui une soixantaine d’années, tandis que les Grands Prix de la création des Ateliers de Paris sont institués en 1993.

Les mécènes privés sont arrivés quelque temps après. La Fondation Bettencourt-Schueller fait office de précurseur, en 1999, avec son Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main. « Nous avons commencé par regarder les prix existant déjà afin d’avoir un positionnement complémentaire », explique Hedwige Gronier, responsable du mécénat culturel à la Fondation. Plus récemment, dans un mouvement très tendance, la Banque populaire a créé son prix par l’intermédiaire de sa Fondation, ainsi que la marque de luxe Loewe avec l’international « Loewe Craft Prize », ou l’association Matières libres, qui décerne le prix Mathias. D’autres fondations préfèrent soutenir des prix existants plutôt que créer une nouvelle distinction. C’est le cas de la Fondation Michelle et Antoine Riboud qui soutint le prix Avenir pendant vingt ans ou de la Fondation Rémy Cointreau, partenaire du Prix de perfectionnement attribué par la Ville de Paris. Sans compter les prix qui s’adressent au monde de l’artisanat en général à l’instar des Tremplins Garance organisés par les chambres des métiers et de l’artisanat.

Face à la multiplication des distinctions, les principaux prix défendent les particularismes qui font leurs atouts. « Tous les prix ne sont pas pertinents, estime Aude Tahon, présidente d’AAF qui organise le Prix de la jeune création et le Concours Ateliers d’art de France. Notre force, c’est de donner accès au monde des professionnels. Cette connaissance fine des réseaux et des marchés, nous sommes les seuls à l’offrir parce que, de fait, nous sommes la représentation des professionnels. » Le Prix Bettencourt s’impose de son côté par la riche dotation (150 000 €) allouée à chacun de ses trois récompensés tandis que le prix Avenir est le seul à exister sur le créneau des jeunes en formation.

« Soutiens complémentaires » et suivis

Avec le temps, les dotations ont évolué pour rester en adéquation avec les besoins de la profession. Le Prix de la jeune création, qui n’offrait à l’origine qu’un stand gratuit sur le Salon Maison & Objet, y a adjoint une formation avant d’être réformé en 2015. « Nous avons réduit le nombre de lauréats pour moins diluer la communication, tout en ouvrant l’accès à d’autres salons, car tous ne correspondaient pas au marché offert par Maison & Objet », poursuit Aude Tahon.

Des évolutions qu’a également connues le Prix Bettencourt, avec la création des récompenses « Dialogues » en 2010, puis « Parcours » en 2014. « C’est à ce moment que nous avons ajouté la notion d’accompagnement, après avoir fait deux constats : les lauréats n’utilisaient pas forcément la dotation de façon optimale et ils nécessitaient des soutiens complémentaires, détaille Hedwige Gronier. Aujourd’hui, nous leur demandons dès la candidature de se projeter, ce qui nous permet également de mesurer leur capacité à se développer. »

Le prix Avenir de l’INMA fait lui aussi l’objet d’une refonte avant son édition de septembre prochain. Si la cible reste la même, le « suivi des lauréats et la communication à destination des étudiants» seront renforcés, explique Stéphanie Gille, chargée du prix. « Nous allons développer l’accompagnement en proposant l’accès à des incubateurs et à des formations sur la création et la gestion d’entreprise, ainsi que la création d’un réseau des anciens lauréats. »

La Boule Art Déco version 2022  

Appel à projet. C’est un prix un peu particulier que la Manufacture des Émaux de Longwy (Meurthe-et-Moselle) vient de lancer. L’entreprise créée en 1798 invite des designers et artisans d’art à proposer une nouvelle forme et un nouveau décor pour son produit phare : le vase Art déco présenté à l’Exposition coloniale de 1931 à Paris. Le lauréat recevra 3 000 euros et son projet sera édité en série limitée dès janvier 2022. Clôture des candidatures : 15 mai 2021.

   

Julien Tribut

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°563 du 19 mars 2021, avec le titre suivant : Des acteurs variés, des enjeux croisés

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