Prix - Photographie

Comment le prix Carmignac Gestion se constitue une nouvelle image

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 15 mai 2015 - 794 mots

PARIS [15.05.15] - Après l’annulation de l’exposition de la cinquième lauréate du prix Carmignac Gestion du photojournalisme qui devait se dérouler en novembre 2014, celle-ci ouvre finalement à la Chapelle des Beaux-Arts de Paris. La polémique entre Newsha Tavakolian et Édouard Carmignac a cependant ébranlé l’image du prix obligeant la Fondation Carmignac à revoir son fonctionnement.

À la Chapelle des Beaux-Arts de Paris, elles sont toutes là les photographies que Newsha Tavakolian voulait présenter en novembre 2014 avant que l’ingérence dans la sélection d’Édouard Carmignac , créateur du prix Carmignac Gestion du photojournalisme, ne suscite un profond désaccord entre eux et conduise à l’annulation en septembre dernier de l’exposition et de l’édition de l’ouvrage par la Fondation.

Le titre de l’exposition « Blank pages of an iranian photo album », objet également du litige, s’affiche désormais en toutes lettres en ouverture du parcours et du catalogue, celui de « Lost génération » auquel tenait le président de Carmignac Gestion n’apparaissant plus aujourd’hui que sous sa plume dans son éditorial. Tout semble donc rentré dans l’ordre. Le récit de la photojournaliste iranienne sur son pays construit autour de neuf portraits de femmes et d’hommes issus de la classe moyenne peut s’apprécier dans toutes ses dimensions et subtilités.

Il reste la question de l’image du prix ternie par cette polémique rendue public par Newsha Tavakolian sur sa page Facebook en septembre 2014. La Fondation y a travaillé. Les mois écoulés ont donné lieu à des modifications profondes au sein d’abord de la direction du prix avec le départ de Nathalie Gallon, directrice artistique du Prix Carmignac et interlocutrice directe de Newsha Tavakolian comme des lauréats précédents du prix Carmignac. L’occultation de son nom dans le dossier de presse, l’exposition et le livre édité chez Kehrer donne la mesure des dissensions au sein de la Fondation.

Emeric Glayse, en charge depuis deux ans du développement à l’international du prix, a pris au pied levé lors de la polémique sa succession et entamé avec Gaia Donzet, directrice générale de la Fondation Carmignac, un travail de fonds pour redonner une nouvelle image.

Faire face à la démission ou au départ de plus de la moitié des jurés de la 6e édition suite aux déclarations de Newsha Tavakolian les a obligé en premier lieu à reconstituer un jury. À la place laissée vacante par Christian Caujolle (co-fondateur de l’agence Vu), Sébastien Calvet (photographe), François Cheval (directeur du musée Nicéphore Niépce), Caroline Behar (directrice des documentaires et reportages à France 5) et Newsha Tavakalian ont succédé Nicolas Bourriaud (directeur des Beaux-Arts de Paris), Patrick Chauvel (photographe de guerre) et Marie Sumalla (éditeur photo au Monde). Ces derniers sont venus reformer un jury qu’Éric Chol (président et directeur de la rédaction de Courrier International), Nigel Hurst (directeur de la Saatchi Gallery) et Christophe Deloire (directeur de Reporters sans Frontières) n’avaient pas décidé de quitter.

Sont-ils rémunérés ? « Le principe du bénévolat prévaut pour tous les jurés », répond Gaïa Donzet, directrice générale de la Fondation Carmignac à la question de leur rémunération ou non.

Ce nouveau jury va de pair avec les nouveaux partenariats qu’Emeric Glayse a commencé à nouer l’an dernier avec Nigel Hurst de la Saatchi Gallery à Londres qui, en novembre 2014, a présenté le travail sur la Tchétchénie de Davide Monteleone, quatrième lauréat du prix. En novembre 2015, Saatchi présentera dans le cadre du 5e anniversaire du prix, l’exposition de Newsha Tavakolian actuellement en cours à Paris ainsi que quatre photos des précédents lauréats acquises par la Fondation.

L’arrivée dans le jury du directeur de l’École nationale des Beaux Arts de Paris et du directeur de Reporters Sans Frontières annonce des partenariats avec ces deux institutions. Un atelier avec les étudiants de l’ENSBA autour du thème de l’artiste après le conflit et une série de conférences sur l’acte de témoigner, gratuites et ouvertes au public, seront ainsi mis en place à la rentrée 2015.

Un partenariat sur un projet précis est également en cours avec Christophe Deloire, président par ailleurs du 6e prix Carmignac placé sur le thème des zones de non-droit en France et commissaire de l’exposition du prochain lauréat dont le nom sera dévoilé non plus dans le cadre du Off des Rencontres d’Arles mais à Perpignan lors de Visa pour l’image. Une manière là encore pour la Fondation de redonner un sens et une légitimité au prix qui devrait se doter prochainement d’une charte éthique.

Paradoxalement, les candidats au prix ne sont pas trop émus de l’ingérence d’Edouard Carmignac. Alors qu’ils étaient 265 en 2014 avant la polémique ce sont au final 207 photographes qui se sont portés candidats pour cette nouvelle édition. Le Prix est doté d’une bourse de 50 000 euros accompagné de la publication d’un livre et l’organisation d’une exposition itinérante.

Blank Pages of an Iranian Photo Album

Exposition de Newsha Tavakolian - 5e prix Carmignac Gestion du photojournalisme
Chapelle des Beaux-Arts de Paris
14 rue de Bonaparte, 75006 Paris
Du 13 Mai au 7 Juin 2015
Mardi au Samedi de 11h00 à 19h00
Ouverture excetionnelle jusqu'à 1h du matin Samedi 16 Mai dans le cadre de la Nuit Européenne des Musées 2015
Entrée gratuite
Exposition en partenariat avec les Beaux-Arts de Paris

Légende Photo :
Newsha Tavakolian, Un portrait de Somayyeh, une institutrice de 32 ans divorcée © Newsha Tavakolian pour le Prix Carmignac du photojournalisme

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