WASHINGTON / ÉTATS-UNIS
Le nouveau décret de Trump encadre strictement l’architecture fédérale, favorisant le classique et marginalisant l’architecture contemporaine.

L’administration Trump braque à nouveau son viseur sur l’architecture. Un décret signé le 28 août 2025 vise directement les bâtiments publics fédéraux. Celui-ci fixe de nouvelles directives applicables lors de la construction, de la rénovation ou de l’agrandissement de ces édifices.
Le texte, organisé en six sections, réaffirme la primauté de l’architecture classique. Il détaille les objectifs, les politiques, les définitions, les principes directeurs de l’architecture fédérale, les actions du General Services Administration (GSA) et les dispositions générales. L’objectif affiché est de « revaloriser l’espace public » et d’« impressionner et inspirer le grand public », ce qui, selon ses auteurs, ne serait pas possible avec l’architecture contemporaine. Le décret redéfinit ainsi l’architecture classique et traditionnelle, en y intégrant l’art déco ainsi que les styles néo-gothique, néo-roman et assimilés.
Ces directives s’appliquent directement à la GSA, gestionnaire du parc immobilier fédéral. L’agence devra désormais privilégier l’architecture classique, sauf exceptions. Un poste de conseiller principal en conception architecturale, spécialisé dans ce style, doit être créé pour l’assister. Lors des appels à projets, la priorité devra être donnée aux architectes expérimentés dans ce domaine. Si la GSA souhaite proposer un projet qui s’en écarte, elle devra en informer le président et justifier sa décision.
Cette orientation s’inscrit dans la continuité du mémorandum du 20 janvier 2025, jour de l’investiture de Donald Trump, qui préparait le terrain à ce décret. Ce qui n’était qu’un document préparatoire prend dans le décret une tournure opérationnelle.
La GSA se retrouve placée sous la tutelle directe du président, chaque projet devant être validé ou justifié auprès de lui. Les projets en cours devront être réexaminés, entraînant des surcoûts. Du côté des architectes, ceux spécialisés dans le classique se verront favorisés, marginalisant les autres, ce qui pourrait encourager une uniformisation des propositions pour répondre aux attentes fédérales.
La publication du décret a suscité des réactions contrastées. L’American Institute of Architects (AIA) a exprimé une opposition ferme, estimant que la mesure visait directement la profession et imposait des contraintes supplémentaires. Samuel Sadow, maître de conférences au département d’art de l’American University et spécialiste de l’architecture fédérale, a expliqué au Washington Post : « l’objectif clair est d’utiliser cette histoire comme fondement de l’identité nationale actuelle ».
Ces directives prennent le contre-pied des principes formulés en 1962 par l’ancien sénateur de New York (Démocrate) Daniel Patrick Moynihan. Celui-ci préconisait d’encourager des projets reflétant la créativité et la diversité de leur époque, plutôt que d’imposer un style unique. À l’inverse, Donald Trump revendique une approche fondée sur l’exception américaine, selon laquelle les États-Unis constitueraient une nation singulière, voire supérieure, pour des raisons historiques, idéologiques ou religieuses. Le décret s’inscrit dans cette perspective, visant à façonner un « roman national » par l’architecture fédérale.
Le texte s’ouvre d’ailleurs sur cette référence : « Le président George Washington et le secrétaire d’État Thomas Jefferson ont consciemment modelé les bâtiments les plus importants de Washington, D.C., sur l’architecture classique de l’Athènes et de la Rome antiques. Ils ont cherché à utiliser l’architecture classique pour relier visuellement notre République contemporaine aux antécédents de la démocratie dans l’Antiquité classique, rappelant aux citoyens non seulement leurs droits mais aussi leurs responsabilités dans le maintien et la perpétuation de ses institutions. »
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Architecture fédérale américaine : du mémo de janvier au décret d’août, le retour assumé du classique
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