Une immense salle de bal sera construite à la place de l’aile historique, pour un coût estimé à 300 millions de dollars.

Washington (États-Unis). « Cela n’aura aucune incidence sur le bâtiment actuel », assurait Donald Trump, en juillet dernier, lorsqu’il annonçait son projet de construire une salle de bal à l’emplacement de l’aile est de la Maison-Blanche. Trois mois plus tard, le revirement est radical : il ne reste plus qu’un tas de gravats de l’aile historique. Sans annonce préalable, sa démolition a été lancée le 20 octobre et s’est achevée en trois jours, en se passant de l’accord de la National Capital Planning Commission (NCPC) en charge de superviser la construction et la rénovation des bâtiments gouvernementaux. Jugeant l’ancienne aile bien trop petite, Donald Trump s’est empressé de donner corps à son envie de longue date, celle d’ériger à la place une gigantesque salle où se tiendront de grands dîners et événements en l’honneur de dirigeants étrangers.
Face à cette destruction soudaine, les critiques s’élèvent, bien vite balayées par l’administration Trump qui les qualifie d’« indignation fabriquée », faisant valoir que cette décision était la plus adaptée tant d’un point de vue structurel que financier. Le coût annoncé, lui, n’a fait que grimper : à l’origine estimé à 200 millions de dollars puis récemment réévalué à 250 millions, le projet est désormais chiffré à 300 millions de dollars (258 M€). Selon les dires du président, il sera intégralement financé par des donateurs privés et par sa propre contribution.

Pour la construction de la future salle de bal, un mot d’ordre : l’ostentation. Le projet, conçu par McCrery Architects, prévoit une immense salle blanche de style néoclassique, tout en faste et opulence, alliant plafond à caissons, colonnes, dorures et lustres de cristal. D’une superficie de plus de 8 300 m², elle pourra accueillir 650 personnes – 999 selon Trump, qui ambitionne d’en profiter avant la fin de son mandat en janvier 2029. L’aile historique, qui abritait les bureaux de la première dame, laissera donc place à un bâtiment démesuré, bien plus grand que la résidence de la Maison-Blanche (5 100 m²), ce qui redessinera complètement le profil de la demeure présidentielle. Une modification grandement décriée par le National Trust for Historic Preservation, qui s’inquiète que le nouvel édifice «éclipse la Maison-Blanche elle-même » et regrette la destruction d’un « monument historique national, d’un parc national et d’un symbole mondialement reconnu des idéaux de [la] nation ».
Si la Maison-Blanche confirme avoir pris des dispositions pour préserver les objets historiques de l’aile est, le bâtiment lui-même revêtait une certaine valeur patrimoniale. L’aile avait été construite en 1902 sous la présidence de Theodore Roosevelt, et servait alors d’entrée pour les calèches. C’est en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, que Franklin D. Roosevelt la transforme et l’agrandit pour dissimuler un bunker souterrain – nommé le Centre opérationnel d’urgence présidentiel – construit pour le président et son équipe. Progressivement devenue le quartier de la première dame, siège d’événements sociaux et symbole de « soft power », l’aile était visitée chaque année par plusieurs millions de touristes. Pour justifier sa démolition, le gouvernement Trump présente le chantier comme s’inscrivant « dans la longue tradition d’améliorations et d’ajouts apportés » par les présidents au fil du temps. Construction de la roseraie moderne sous John F. Kennedy, transformation de la piscine en salle de presse par Nixon, restauration de la résidence par Bill Clinton… Des interventions sans commune mesure, toutefois, avec la destruction d’une aile tout entière.

L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Trump reconstruit la Maison-Blanche à son image
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°664 du 31 octobre 2025, avec le titre suivant : Trump reconstruit la Maison-Blanche à son image






