États-Unis - Diplomatie culturelle - Résidences d’artistes

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Villa Albertine : les français en immersion dans l’Amérique

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Le Quai d’Orsay lance un programme de résidences d’artistes, d’écrivains et de chercheurs dans dix villes des États-Unis.

New York. C’est aux États-Unis que la France ouvrira à l’automne « sa quatrième grande Villa artistique et culturelle », a annoncé le 2 juillet Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Baptisée « Villa Albertine », celle-ci veut « renouveler en profondeur le concept des résidences à l’étranger ». Si, comme la Villa Médicis à Rome, la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Kujoyama à Kyoto, elle accueillera artistes et chercheurs pour leur permettre d’y poursuivre leurs travaux, elle ne le fera pas dans un grand bâtiment ni même dans une ville unique. « Cette Villa d’un genre nouveau est conçue à l’échelle du territoire américain, explique le ministre, avec une présence permanente dans dix grandes villes simultanément. »

Programme d’accueil conçu « sur mesure » plutôt que « villa », elle accueillera chaque année 60 créateurs et professionnels de la culture pour des séjours courts, d’un à trois mois, dans la ou les villes américaines de leur choix. Leurs frais seront pris en charge par la France tandis que 80 membres des services culturels de l’ambassade de France les accompagneront dans la logistique de leurs projets. Avec un budget annuel de 1,2 million d’euros, financé en partie par des partenaires privés, la Villa Albertine allouera près de 20 000 euros à chacun de ses résidents. Ceux qui voudront aller à San Francisco seront hébergés dans un appartement qu’y possède la France, rénové par le studio Mortazavi ; à Los Angeles, des collectionneurs ou producteurs américains leur ouvriront leurs portes et leurs réseaux ; à New York, Chicago (Illinois) ou Atlanta (Géorgie), ils seront libres de choisir leur type de lieu. Parmi les premiers invités, le photographe Nicolas Floc’h descendra le Mississippi depuis le Midwest jusqu’au golfe du Mexique, la compositrice et musicienne Sélène Saint-Aimé envisage d’enregistrer ses pièces à La Nouvelle-Orléans et l’auteur de bande dessinée Quentin Zuttion voyagera en train de New York à Los Angeles à la découverte de la jeunesse.

« Dans la frénésie du monde »

La formule inédite de la Villa Albertine « n’est pas une déclaration générale sur ce que doit être une résidence artistique aujourd’hui »,  précise Gaëtan Bruel, son premier directeur, conseiller culturel de l’ambassade de France aux États-Unis. « Elle répond plutôt à la réalité profondément multipolaire des États-Unis, qui oblige à sortir du bâtiment unique dans une seule ville, au sens où un architecte sera content d’aller à Chicago, un cinéaste préférera se rendre à Los Angeles, un musicien de jazz à La Nouvelle-Orléans. »

Cette « résidence du XXIe siècle », à la différence des autres Villas, veut proposer à ses résidents « une immersion maximale dans la frénésie du monde, en considérant que les États-Unis en sont le chaudron ». Ils se croiseront le moins possible « pour faire communauté avec les Américains plutôt qu’entre eux ».Avec ces expériences sur le terrain, la Villa Albertine veut nourrir la réflexion sur les thématiques actuelles : l’urgence climatique en Floride, la virtualisation du réel à San Francisco, la relance du rêve spatial au Texas. Gaëtan Bruel l’imagine comme un « think tank nouvelle génération, qui prenne au sérieux ce que les créateurs et les penseurs ont à nous dire sur ces sujets ». Les résidents sont choisis dans une gamme élargie de disciplines qui inclut podcasting, bande dessinée et scénario.

Pour Jean-Yves Le Drian, la Villa Albertine ambitionne d’être « l’une des têtes de pont d’une nouvelle stratégie d’influence française » aux États-Unis,« un pays qui occupe désormais une place singulière dans la géographie mondiale de la création et de la pensée ». La France, rappelle Philippe Étienne, ambassadeur aux États-Unis, « ne s’est pas arrêtée de créer et de penser avec la Nouvelle Vague ou la French Theory ». C’est là peut-être son plus grand défi.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°571 du 9 juillet 2021, avec le titre suivant : Villa Albertine : les français en immersion dans l’Amérique

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