CEC

Victoire d’une favorite

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 30 septembre 2008 - 482 mots

Sans surprise, c’est Marseille qui a été élue au titre convoité de Capitale européenne de la culture en 2013.

PARIS - Il y avait la foule des grands jours, le 16 septembre, dans les salons d’honneur du ministère de la Culture, pour assister à la proclamation officielle de la désignation de Marseille (préférée à Bordeaux, Lyon et Toulouse) comme Capitale européenne de la culture (CEC) en 2013, aux côtés de la ville slovaque de Košice. Une demi-heure avant, le secret avait pourtant été éventé, la ministre, Christine Albanel, ayant pris soin d’appeler personnellement chacun des maires concernés. Les perdants n’étaient donc pas là, à l’exception de quelques membres de la délégation toulousaine qui, à peine sortis de leur audition par le jury, tentaient déjà d’obtenir des bribes d’explication. Depuis le printemps, la ville rose s’était en effet engagée dans un lobbying forcené pour convaincre de la pertinence de sa candidature alors que les rumeurs donnaient déjà Marseille gagnante. Las ! Le jury s’est prononcé à l’unanimité en faveur de la cité phocéenne.

Coup de pouce
Interpellé sur ces rumeurs, Sir Robert Scott, le président du jury, a précisé avoir travaillé « en toute transparence et indépendance ». C’est pour éviter certains choix politiques désastreux, comme celui de Patras 2006, qu’une nouvelle procédure de désignation par le biais d’un jury a ainsi été mise en œuvre par la commission européenne en 2005 (lire le JdA n°214, 29 avril 2005). Huit villes s’étaient ainsi déclarées candidates, quatre ayant été retenues pour un second tour (Bordeaux, Lyon, Marseille et Toulouse). Pourtant, malgré ces précautions, les observateurs ont toujours prêté à Marseille de solides soutiens politiques. Son maire, Jean-Claude Gaudin, ancien numéro 2 de l’UMP, n’a pas hésité à s’adresser directement à l’Élysée et à Matignon pour obtenir des engagements en septembre 2007 lorsque le ministère de la Culture a remis en cause le projet du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem). Depuis, une étude commandée à Stéphane Martin, président du Musée du quai Branly, et remise en août à Christine Albanel – que cette dernière n’a pas encore rendue publique – a préconisé de simples ajustements du projet scientifique et culturel. Le Mucem ne serait-il pas une belle vitrine culturelle pour cette Union de la Méditerranée défendue avec ardeur par le président de la République ? Arrivé tardivement à la conférence de presse, Jean-Claude Gaudin s’est d’ailleurs autorisé une provocation, avouant, devant quelques journalistes, qu’il avait été reçu quelques heures auparavant à l’Élysée « mais que le président n’était même pas au courant de la tenue d’un jury ces jours-ci »… Pour les observateurs, Marseille est toutefois sans conteste la ville qui a le plus besoin de ce coup de pouce. De leur côté, les maires des villes perdantes ont tous annoncé vouloir poursuivre la dynamique engagée. Reste à savoir si cette promesse d’un soir de défaite se traduira en termes budgétaires

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°288 du 3 octobre 2008, avec le titre suivant : Victoire d’une favorite

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