L’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi du Sénat sur le retour de ce bien culturel à la Côte d’Ivoire.

Adoptée à l’unanimité le 7 juillet 2025 par l’Assemblée nationale, la loi autorisant la restitution du tambour parleur « Djidji Ayôkwé » permet son retour en Côte d’Ivoire dans un délai d’un an. L’objet sera retiré des collections du Musée du quai Branly – Jacques Chirac, conformément à la procédure de déclassement.
Ce texte marque une étape dans le processus engagé depuis le discours d’Emmanuel Macron au sommet Afrique-France de 2021, où le président s’était engagé à faciliter les restitutions d’objets africains. En novembre 2022, le tambour avait été désacralisé en présence de chefs Ebrié, puis restauré. Le 18 novembre 2024, un accord de dépôt avait été signé par les ministres de la Culture français et ivoirien, permettant la transmission provisoire de l’objet avant restitution définitive. Le texte de loi avait été approuvé par le Sénat en novembre 2024, malgré des divergences sur les modalités de restitution entre le Gouvernement et certains sénateurs.
Taillé dans un seul bloc de bois, le tambour mesure 3,5 mètres de long pour 0,78 mètre de diamètre et pèse environ 430 kg. Il est décoré de motifs géométriques, de visages sculptés et d’un léopard. Grâce à sa caisse de résonance, il peut transmettre des sons portés à plus de 20 kilomètres.
Confisqué en 1916 par l’administrateur colonial Simon, qui y voyait un outil de communication et de résistance, le tambour remplissait une fonction à la fois politique, rituelle et culturelle. Selon la tradition, il abriterait un esprit communautaire. Endommagé par les intempéries, il fut transféré entre 1929 et 1930 au Musée du Trocadéro par l’ethnologue Paul Rivet, avant d’être intégré aux collections du Musée du quai Branly dans les années 2000. Une première demande de restitution avait été formulée en 1958, deux ans avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire. En 2018, l’objet figurait en tête d’une liste de 148 œuvres réclamées par l’État ivoirien.
En parallèle, les autorités ivoiriennes ont mené une réflexion sur le lieu de conservation de l’objet, entre restitution à la communauté Ebrié et dépôt dans un musée national. Le choix s’est porté sur le Musée des Civilisations à Abidjan, afin d’assurer l’accessibilité de l’objet au public et d’en faire un symbole. Des travaux d’extension du musée ont été engagés pour accueillir le tambour.
En l’absence de loi générale de restitution de biens culturels dans un contexte colonial, plusieurs lois ad hoc ont été adoptées ces dernières années. C’est le cas, en 2021, de la restitution au Bénin de 26 objets issus des trésors royaux d’Abomey, saisis en 1892 par le général Dodds, ainsi que d’un sabre attribué à El Hadj Omar Tall, restitué au Sénégal en 2021 après avoir été prêté dès 2019.
La loi cadre, toujours en préparation, vise les objets saisis dans le contexte colonial entre 1815 et 1972. Le Conseil d’État a exprimé en février 2024 (selon Le Monde) que le premier projet comportait des vices juridiques, pointant l’insuffisance des critères. Selon la ministre de la Culture Rachida Dati, un nouveau texte devrait être présenté fin juillet 2025 pour un examen parlementaire à l’automne.
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Un pas de plus décisif vers le retour en Afrique du Tambour parleur
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