Retour sur le vol récent dans le Musée du Désert

Moins médiatisé que le braquage au Muséum et au Louvre, le vol qui est intervenu dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 octobre, au Musée du Désert à Mialet est symptomatique des nouvelles formes de criminalité dans les musées. Une centaine de croix huguenotes ont été subtilisées en moins de cinq minutes, et le suspect a eu le temps de s’enfuir avant que les forces de l’ordre n’arrivent sur les lieux.

Vers 3 heures du matin, un cambrioleur seul s’est introduit par effraction dans le bâtiment par une porte latérale, après avoir pris soin de couper les lignes téléphoniques et l’éclairage public, d’après le conservateur du musée, Denis Carbonnier. Il a ensuite brisé la vitrine où étaient exposées les médailles, en ne prenant que celles en or, avant de s’enfuir. L’alarme a sonné, mais le musée est dans une zone isolée, ce qui a laissé du temps au voleur pour s’enfuir.

Le musée a porté plainte et une enquête est en cours. Il a confié à la gendarmerie les vidéos de surveillance ayant filmé le voleur. Pour Denis Carbonnier, il est assez clair que c’est un vol calculé, le voleur ayant laissé de côté les croix en argent. Le musée a, depuis le vol, rouvert ses portes et fait réparer la porte et la vitrine. La gendarmerie est passée plusieurs fois au musée pour mieux comprendre ce qui s’est passé, mais n’a rien communiqué.

Les objets, bien qu’ils soient en or, n’ont pas une grande valeur monétaire. Leur valeur est bien plus patrimoniale et symbolique. Ce type de médaille créé vers 1688 est spécifique au protestantisme. Elles prennent la forme d’une croix de Malte accompagnée de fleurs de lys et de colombes. Ce fut un marqueur de l’identité protestante dans le sud de la France depuis le XVIIe siècle.

Le Musée du Désert, situé à Mialet dans les Cévennes, est consacré à l’histoire du protestantisme en France. Ouvert en 1911, il expose 3 000 objets sur 800 m² divisés en vingt salles. Il tire son nom de la période dite « du Désert », époque durant laquelle les protestants devaient cacher leur foi ; entre la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV et la Révolution. De cette période sont nées les assemblées clandestines qui s’organisaient dans le sud de la France. Aujourd’hui encore, le musée rend hommage à cette pratique en organisant chaque année l’Assemblée du Désert, réunissant des centaines de personnes autour du musée. Cette année, elle avait eu lieu un mois avant le vol, le 7 septembre. Le musée est aussi labellisé Maison des illustres, car il est installé dans la maison natale du chef camisard Pierre Laporte, dit Roland, figure emblématique des révoltes des camisards (protestants huguenots) après la révocation de l’édit de Nantes.