Nouvelle donne pour le Magasin

Le Cnac de Grenoble repris en main

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1996 - 492 mots

Après une vacance de plus d’un an, le Cnac-Magasin a un nouveau directeur, Yves Aupetitallot, qui souhaite réorienter le propos artistique de ce vaste vaisseau tout en l’arrimant mieux à la ville.

Grenoble (de notre correspondant régional) - "Je veux faire du Magasin un centre d’art exemplaire. Il y a eu trop de dérives, nous devons être irréprochables", annonce Yves Aupetitallot, nommé en janvier à la tête de l’institution grenobloise après la démission de son prédécesseur, Adelina von Fürstenberg.

Né en 1955, historien de l’art, il a dirigé le Centre d’art contemporain de Nevers, puis l’Espace d’art contemporain de Saint-Étienne et a été le commissaire de l’exposition "Unité" qui se tenait dans l’immeuble bâti par Le Corbusier à Firminy (Loire). L’homme a l’œil clair, le cheveu en épi et le parler dru. Attaché "à remettre de l’ordre dans la maison", Yves Aupetitallot ne cache pas ses ambitions : "Le Magasin doit être l’équivalent des Kunsthalle allemandes". Pour autant, il ne devrait pas faire du Magasin un refuge pour les œuvres monumentales : "Les artistes s’intéressent aujourd’hui aux évolutions de la société plus qu’à l’architecture d’un lieu".

L’art et la ville
Chaque espace du Cnac est dévolu à une programmation particulière. Depuis fin avril, on peut ainsi voir dans la "rue" le groupe d’architectes Roche, DSV & Sie, qui présente son Paysage n° 5 formé d’un nuage translucide, ainsi qu’Everyday holiday de Liam Gillick et Gabriel Kuri, une œuvre qui dialogue avec les données sociologiques du quartier. Les galeries sont occupées par une sélection d’acquisitions récentes et peu vues du Frac Rhône-Alpes. La jeune artiste américaine Alex Bag inaugure la salle d’actualité.

"Le milieu de l’art a trop vécu loin des réalités, il doit établir un lien avec la société. Ancrage local et qualité ne sont pas incompatibles, voyez le théâtre décentralisé !", estime-t-il. Aussi le Magasin devrait-il enfin chercher à développer son public en s’intéressant aux scolaires, aux comités d’entreprise, mais aussi aux Amis du Musée de Grenoble. Par ailleurs, la communication auprès des visiteurs sera améliorée, et un journal gratuit présentant les expositions sera systématiquement édité.
Le Magasin, par ses expositions mais aussi parce qu’il sera associé à l’urbanisme de Grenoble, sera "un lieu ressource pour l’art et la ville". Un thème cher à Jean-Jacques Gleizal, professeur de droit, collectionneur, et nouvel adjoint à la Culture. "Il faut consulter les artistes et les médiateurs dans la lutte contre l’exclusion. Le Magasin ne doit plus être déconnecté de la ville", affirme-t-il.

L’école du Magasin

Seul centre d’art à proposer une formation professionnelle au métier de "curateur" – monter des expositions et gérer un lieu –, le Magasin recrutera une nouvelle promotion pour la rentrée 1996. Le cursus se déroule sur deux ans. Au menu, de nombreux exercices pratiques. La collection du Frac Rhône-Alpes sera notamment mise à la disposition des étudiants, avec pour objectif de leur apprendre à envisager tous les aspects d’une exposition : choix artistique, sélection d’un lieu, organisation de la communication, etc.

Le Magasin est ouvert tous les jours de 12h à 19h, sauf le lundi. Tél : 76 21 95 84. Jean-Jacques Gleizal est l’auteur de L’art et le politique, paru aux PUF en 1994.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Nouvelle donne pour le Magasin

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