Politique

CRISE DIPLOMATIQUE

Moscou ferme le British Council qualifié de « nid d’espions »

Le centre culturel est la victime collatérale du bras de fer diplomatique qui oppose la Russie et la Grande-Bretagne.

Moscou. Le quatrième mandat de Vladimir Poutine (jusqu’en 2024) démarre sous de tristes auspices. Le ministère des Affaires étrangères russe a ordonné la semaine dernière la fermeture du British Council en Russie, en mesure de rétorsion à l’expulsion par Londres de diplomates russes liés à l’empoisonnement en Grande-Bretagne de l’espion russe Sergueï Skripal et de sa fille.

Depuis 1992, le British Council œuvre en Russie à consolider les liens culturels entre les deux pays, à travers le financement d’événements, de tournées et de projets d’éducation. Mais l’organisation est dorénavant décrite dans les médias du Kremlin comme un « nid d’espions britanniques ».

Plusieurs figures de la culture en Russie ont réagi avec dépit à cette réponse asymétrique. L’éditrice Irina Prokhorova déplore une « décision extrêmement triste. La destruction des institutions culturelles s’apparente à du vandalisme. On ferme les institutions culturelles au lieu des institutions politiques. C’est asymétrique et surtout, cela nuit avant tout aux citoyens russes. Cela nous mène à l’isolationnisme et au provincialisme culturel ».

Le fondateur du Beat Film Festival (cinéma d’auteur et d’avant-garde) Kirill Sorokin, lui aussi, déplore cette décision : « Le British Council est la seule organisation qui nous ait soutenus depuis le début. Je leur dois tout ce que je sais sur l’économie créative, grâce à leurs activités et séminaires. » Plus véhément, le coprésident du fonds culturel Les Lumières, Alexander Gavrilov, rappelle que le British Council avait pris le relais de l’État « depuis que les institutions russes ont sombré dans l’autarcie et l’idiotie ces dernières années », car les Britanniques « organisaient les tournées de meilleures troupes russes à l’étranger, c’est-à-dire ce que la Russie devrait faire ».

Pour autant, qu’il s’agisse de l’emprisonnement d’artistes russes ou de telles décisions, on observe le même type de réponses du milieu culturel russe : des personnalités lèvent les bras au ciel, mais personne ne songe à mobiliser l’opinion publique ni à exiger la démission des responsables de décisions iniques.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°498 du 30 mars 2018, avec le titre suivant : Moscou ferme le British Council qualifié de « nid d’espions »

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