Royaume-Uni - Politique culturelle

Londres, le Labour n’épargne pas la Culture

Le Gouvernement travailliste annonce une baisse de 1,4 % pour les prochaines années du budget du ministère de la Culture, des Médias et du Sport.

Entrée du siège de la BBC à Londres. © Alexander Svensson, 2014, CC BY 2,0
Entrée du siège de la BBC à Londres.

Royaume-Uni. Malgré le retour du Labour, le secteur culturel reste le parent pauvre du Gouvernement travailliste. Sur les trois années à venir en Angleterre, les dépenses de fonctionnement de DCMS (le ministère de la Culture, des Médias et du Sport) vont baisser de 1,4 % sur l’ensemble de la période de 2025-26 à 2029-30 contre une augmentation de 2,3 % pour l’ensemble des ministères. En Grande-Bretagne, l’année budgétaire va du 1er avril au 3 mars de l’année suivante. Cela inclut une baisse de 1,2 % des dépenses de fonctionnement et une réduction de 2,8 % des dépenses d’investissement.

Le budget de l’administration centrale va être réduit de 15 % d’ici à 2030. DCMS s’est en effet engagé à réaliser au moins 5 % d’économie et des gains d’efficacité d’ici à l’exercice 2026-27, notamment par la réduction du parc immobilier. Le gouvernement fait aussi le choix de privilégier certains secteurs comme la jeunesse, les sports et les industries créatives (cinéma, mode…). Rachel Reeves, la ministre des Finances, a annoncé 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros) sur toute la période pour les financements destinés à l’Arts Council England ainsi qu’aux musées nationaux. Mais les acteurs du secteur attendent de connaître le détail des enveloppes budgétaires et ne cachent pas leurs inquiétudes face à une incertitude financière qui date de plusieurs années.

Les dépenses consacrées aux musées, au patrimoine, aux bibliothèques et aux arts suivent dans l’ensemble les évolutions des dépenses totales du ministère. La baisse du budget 2023-2024 a été amortie en raison des dépenses de couronnement de Charles III et de l’Eurovision à Liverpool.

Comme tous les autres ministères, la Culture a été frappée par le régime d’austérité imposé par les conservateurs en 2010. Une certaine période de stabilité a été observée entre 2015 et 2018 (voir graphique), avec une évolution modeste des budgets prévisionnels, oscillant entre 6,8 et 7,7 milliards de livres (7,9 et 9 milliards d’euros), sachant que la BBC absorbe la moitié de ce budget. Les programmes de soutien pendant le Covid ont entraîné une hausse significative des budgets, ce à quoi s’est ajouté l’élargissement des responsabilités du ministère vers le digital. Mais si un pic est observé en 2020-21, un ajustement post-Covid a entraîné une baisse continue des budgets culturels par les différents gouvernements conservateurs.

En valeur nominale, le budget prévisionnel de 2024-25 est ainsi quasiment revenu au niveau d’avant-Covid, avec un total de 7,8 milliards de livres (9,2 milliards d’euros). Les dépenses réelles, corrigées de l’inflation, ont suivi la même tendance.

Le budget du DCMS finance surtout le secteur en Angleterre. Les trois autres nations que sont l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, disposent de budgets spécifiques mais dans des proportions nettement moindres que l’Angleterre. En vertu d’un mécanisme législatif appelé « formule de Barnett », si le gouvernement augmente le budget du DCMS, il doit reverser une somme proportionnelle à ces variations budgétaires aux trois autres gouvernements décentralisés. Mais rien ne les oblige à consacrer ces fonds supplémentaires à la culture en particulier.

Budget du Ministère de la Culture des Médias et du Sport du Royaume-Uni en M£ entre 2015-2024 © Le Journal des Arts 2025
© Le Journal des Arts, 2025

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°658 du 20 juin 2025, avec le titre suivant : Londres, le Labour n’épargne pas la Culture

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