Le off donne de la voix

Malgré la crise, les foires off persistent et signent - Slick domine le paysage - Cutlog, la dernière-née, fait son entrée en scène

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 13 octobre 2009 - 688 mots

La crise semblait annoncer la fin d’un système, celui du trop-plein des foires off. Malgré les difficultés que rencontrent les jeunes galeries, les salons alternatifs greffés à la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) persistent et signent.

Un nouvel événement, Cutlog, voit même le jour. Mais, depuis l’an dernier, l’échiquier a nettement évolué. La foire Slick a pris la main, laissant Show Off quelque peu à la traîne. Le déménagement de cette dernière, des locaux étriqués de l’Espace Cardin à une tente dressée sur le port des Champs-Élysées, au pied du pont Alexandre-III, n’y change pas grand-chose. Le salon a peiné pour faire le plein. La liste des exposants est passée de trente-deux l’an dernier à une vingtaine cette année. Les trois galeries américaines venues en 2008 ont décidé de se mettre au vert. Plus grave, la foire a perdu certains de ses habitués. « J’ai vu tous les gens que j’avais à voir sur Art-O-Rama à Marseille et Docks Art Fair à Lyon. Je n’en verrai pas d’autres à Paris. Ce n’est pas une bonne année pour faire une foire off », remarque Olivier Robert (Paris). La manifestation a tenté de pallier les absences avec de nouveaux venus parisiens comme LMD ou Jérôme Ladiray. Elle a aussi favorisé les projets spécifiques ou thématiques. Un choix qu’a toujours privilégié Magda Danysz (Paris), laquelle propose cette année une carte blanche à P. Nicolas Ledoux.

Slick énergique
Face à la crise d’identité que traverse Show Off, Slick semble en revanche plus énergique que jamais. Elle prend même davantage d’espace au CentQuatre. « On a eu des demandes pour des stands de 70 m2. Jamais je ne l’aurais cru, s’étonne Cécile Griesmar, codirectrice du salon. Les galeries veulent mettre le paquet et montrer aux directeurs de foires étrangères qu’elles peuvent faire des stands intéressants. » En renouvelant à 50 % ses exposants, l’événement accueille une poignée de structures spécialisées dans le street art, tout en ralliant de nombreuses galeries de province, notamment toulousaines comme Sollertis, Duplex ou GHP. Poursuivant le mouvement initié l’an dernier, elle ouvre ses portes à des galeries plus établies comme les parisiennes Marion Meyer et Polaris. Refusé de la FIAC malgré un projet savoureux de Patrick Guns, Polaris s’associe à Elaine Levy Project (Bruxelles) pour un accrochage commun autour d’une installation de Walter van Beirendonck. « Participer à Slick, c’est un vrai choix, qui n’a pas été fait par dépit, souligne Elaine Levy. Je n’ai pas fait de dossier pour la FIAC, je ne me sentais pas proche de leur politique générale, et je trouvais leurs stands beaucoup trop chers. »
Art Élysées récidive, malgré le retrait de quelques bonnes galeries comme Thessa Herold (Paris). En revanche, les Parisiens Véronique Smagghe, Bernard Ceysson et Baudoin Lebon ont rempilé. « Même s’il y a des hauts et des bas, je continue. J’avais même proposé à Show Off de se joindre à nous plutôt que d’être en bas sur les quais », indique Baudoin Lebon. La dernière-née des manifestations, Cutlog, prend pied à la Bourse du Commerce. Malgré ses tarifs onéreux, elle a rallié une vingtaine de jeunes galeries, principalement étrangères. « Ce n’est pas mal de faire la première édition d’une foire, car les gens seront curieux et vont venir », indique une exposante, Caroline Vachet (Lyon), à l’affiche avec des pièces de Pascal Monteil et Muriel Michetti. Mais un salon de plus, est-ce vraiment nécessaire ? « L’art contemporain n’appartient pas à une bande de copains, défend Bruno Hadjadj, directeur du salon. C’est presque un acte civique de monter une foire à Paris, c’est l’envie d’apporter quelque chose à ma ville. » Si le foisonnement est bon pour l’image parisienne, la capitale aurait surtout besoin de foires off spécialisées.

ART ÉLYSÉES, 22-26 octobre, avenue des Champs-Élysées, 75008 Paris, www.artelysees.fr, tlj 11h-20h30
CUTLOG, 22-25 octobre, Bourse du Commerce, 2, rue de Viarmes, 75001 Paris, www.cutlog.org, le 22 14h-21h, le 23 11h-19h, le 24 12h-22h, le 25 11h-18h
SHOW OFF, 22-25 octobre, Port des Champs-Élysées, 75008 Paris, www.showoffparis.fr, tlj 12h-20h
SLICK, 23-26octobre, Le CentQuatre, 104, rue d’Auber-villiers, 75019 Paris, www.slick-paris.com, les 23 et 25 11h-20h, le 24 11h-22h, le 26 11h-17h

Art Élysées
Direction : Joël Garcia
Nombre d’exposants : 60
Tarif des stands : 380 euros le m2
Nombre de visiteurs en 2008 : 28 400

Cutlog
Directeur : Bruno Hadjadj
Nombre d’exposants : 26
Tarif des stands : 310 euros le m2

Show off
Directeur : Stéphane Magnan
Tarif : de 5 000 à 10 000 euros le stand
Nombre de visiteurs en 2008 : 23 000

Slick
Direction : S. Bisognin, A. de Bourbon, C. Griesmar, J. Tamer
Nombre d’exposants : 64
Tarif des stands : 260 euros le m2
Nombre de visiteurs en 2008 : 40 000

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°311 du 16 octobre 2009, avec le titre suivant : Le off donne de la voix

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