Arabie Saoudite - Urbanisme

PROJET URBAIN

L’Arabie saoudite revoit à la baisse « The Line »

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 21 novembre 2025 - 579 mots

Selon le Financial Times, le chantier de cette ville nouvelle de 170 km de long est pour l’instant ramené à un tronçon court servant à tester sa viabilité.

Vue d'architecte des deux parois en miroir de 500 m de hauteur du projet The Line en Arabie saoudite. © Neom
Vue d'architecte des deux parois en miroir de 500 m de hauteur du projet The Line en Arabie saoudite.
© Neom

Arabie saoudite. « The Line », annoncé en 2018 comme la pièce maîtresse du projet d’urbanisme Neom en Arabie saoudite, fait l’objet d’un redimensionnement majeur. Selon le quotidien britannique Financial Times, la ville-ligne de 170 km de long en plein désert, présentée comme sans voiture et à énergie intégralement renouvelable, ne sera pas réalisée à l’échelle initialement prévue. Le phasage retenu consiste désormais à construire un tronçon court dont les fondations ont déjà été posées, pour tester la faisabilité, au lieu de lancer en une seule phase l’édification des deux bâtiments parallèles sur toute leur longueur.

L’initiative est portée par Mohammed Ben Salmane (dit « MBS »), prince héritier et président du conseil d’administration de Neom, la structure qui gère le développement du Nord-Ouest saoudien. « The Line » devait incarner la dimension symbolique la plus visible de Vision 2030, le grand plan de modernisation économique du pays : démontrer la capacité du royaume à devenir un acteur global de l’innovation urbaine et à sortir d’une économie fondée sur les hydrocarbures. Reflet d’une ambition architecturale démesurée, « The Line » prendrait la forme de deux gigantesques bâtiments linéaires d’environ 500 m de hauteur, distants de 200 m, et recouverts de panneaux miroir, formant une mégastructure reliant le désert à la mer Rouge. Un port creusé ex nihilo à mi-chemin des deux extrémités de la ville devait permettre d’approvisionner « The Line » par un canal venant de la mer Rouge.

Film promotionnel de The Line @ Neom

L’intérieur devait accueillir logements, commerces, centres de soin, espaces publics, écoles, jardins et lieux culturels sur plusieurs niveaux, avec un train à grande vitesse et un réseau de mobilités douces. « The Line » devait héberger à terme 9 millions d’habitants. Le projet est largement critiqué pour son empreinte environnementale (accaparement des ressources en eau) et pour les expropriations foncières à l’encontre de tribus locales.

Dans les faits, seuls quelques kilomètres ont été engagés. La section pilote servira à tester la résistance des façades-miroir au vent, la capacité des revêtements à limiter les fuites thermiques en climat désertique (les températures estivales peuvent atteindre 50° Celsius à l’ombre), la circulation de l’air dans un volume étroit…

The Line Arabie saoudite © Neom
Projet de The Line.
© Neom

Les estimations issues de documents internes, confirmées par plusieurs cabinets d’ingénierie ayant participé aux premières phases, situaient l’enveloppe initiale entre 500 milliards et 1 500 milliards de dollars selon la longueur finale, incluant infrastructures, matériaux spéciaux, mobilisation énergétique, et opérations de maintenance. D’après le Wall Street Journal, le coût a été révisé à la suite d’un audit en 2025 et avoisine les 8 000 milliards de dollars… Le financement repose principalement sur le fonds souverain du royaume, lui-même dépendant du prix du baril de pétrole. Or ce fonds soutient simultanément d’autres programmes prioritaires dans l’énergie, l’industrie lourde, l’armement, le football professionnel, la culture et le tourisme, ce qui impose des arbitrages.

Les autres grands projets de Neom se trouvent dans divers états d’avancement : Oxagon, complexe portuaire et industriel flottant qui vise l’automatisation logistique et la production d’hydrogène, a annoncé des mises en service entre 2025 et 2030. Trojena, complexe touristique d’altitude, poursuit la construction d’hôtels et d’équipements sportifs en vue des Jeux asiatiques d’hiver de 2029, avec des ouvertures échelonnées à partir de 2026. Sindalah, île réservée au yachting et à l’hôtellerie de luxe, est le premier site à entrer en exploitation commerciale, avec des ouvertures progressives depuis fin 2024.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°665 du 14 novembre 2025, avec le titre suivant : L’Arabie saoudite revoit à la baisse « The Line »

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