Justice - Restitutions

La Cour suprême américaine se penche sur un Pissarro présumé volé par les nazis

Par Paul Bérat · lejournaldesarts.fr

Le 26 avril 2022 - 409 mots

WASHINGTON / ÉTATS-UNIS

La famille Cassirer réclame au Musée Thyssen-Bornemisza une toile que son aïeule avait été forcée de vendre à l’État allemand. 

Camille Pissarro, La Rue Saint-Honoré dans l’après-midi. Effet de pluie, 1897, huile sur toile, Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza.
Camille Pissarro, La Rue Saint-Honoré dans l’après-midi. Effet de pluie, 1897, huile sur toile.
© Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid

Nouveau rebondissement dans l’affaire qui oppose depuis 20 ans la famille Cassirer au Musée Thyssen-Bornemisza : la Cour suprême des États-Unis (la plus haute juridiction américaine) examine actuellement la demande de restitution d’une toile de Camille Pissarro par les Cassirer, autrefois propriétaire de l’œuvre, au musée madrilène, où elle est actuellement exposée. 

La toile, Rue Saint-Honoré, Après-midi, Effet de Pluie (1897), appartenait à Lilly Cassirer, juive allemande, qui avait été contrainte de la vendre aux nazis en 1939. Le tableau a ensuite plusieurs fois changé de mains avant de tomber dans celles du baron Hans Heinrich Thyssen-Bornemisza qui la céda en 1993 au musée de Madrid qui porte aujourd’hui son nom. 

La famille Cassirer croyait que son œuvre était perdue. C’est en 2000 que Claude, le petit-fils de Lilly Cassirer, appris qu’elle se trouvait au Musée Thyssen-Bornemisza. Après avoir tenté de négocier avec le musée pour que sa famille récupère sa toile, il a décidé de le poursuivre en justice. D’abord devant la Cour d’appel de San Francisco en 2010, qui a indiqué être incompétent sur cette affaire. Puis devant le Cour fédérale de Los Angeles en 2015, qui a donné raison au musée espagnol au motif que la propriété d’un bien est donnée à celui ou celle qui le possède de façon non équivoque et non interrompue depuis au moins dix ans. Et enfin devant la Cour d’appel de Los Angeles en 2020 qui a rappelé que le baron Heinrich Thyssen-Bornemisza avait été de bonne foi et avait fait des recherches pour se prémunir d’une acquisition douteuse. 

Mais pour Elena Kagan, juge à la Cour suprême des États-Unis, ces trois juridictions ont commis une erreur en se fondant sur le droit espagnol. Aussi, a-t-elle décidé d’examiner la demande de la famille Cassirer en vertu de la Loi sur les immunités des États étrangers (en anglais « Foreign Sovereign Immunities Act ») qui, depuis sa promulgation par Gerald Ford en 1976, encadre la poursuite de nations souveraines étrangères devant les cours américaines. 

La Cour suprême des États-Unis rendra son jugement d’ici quelques mois. La famille Cassirer se dit pleine d’espoir. « Les musées et les gouvernements ne devraient pas être autorisés à accumuler des œuvres d’art qui ont été pillées par les nazis pendant l’Holocauste », a indiqué David Cassirer, le fils de Claude. Les avocats du musée disent « qu’ils travaillent sur l’affaire »
 

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