Fiac 2012

Ils sont la Fiac des historiques

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 9 octobre 2012 - 1041 mots

Elle a beau être la « Foire internationale d’art contemporain », la Fiac n’oublie pas l’importance de l’histoire au sein de l’art d’aujourd’hui. C’est pourquoi les « modernes », Manessier, Léger, Miró, Fontana…, participent pleinement à faire l’esprit – inimitable ! – de la Fiac. Vincent Delaury, Philippe Piguet, Bénédicte Ramade

Anna et Bernhard Blume, nés en 1937, Allemagne
Disparu en septembre 2011, Bernhard Blume a composé avec sa comparse Anna un univers photographique à part, hystérique et chahutant le conventionnel. Dans cette image des tout débuts, on voit Bernhard Blume dans son rôle de composition avant la mise en lévitation d’objets à partir du milieu des années 1970. La galerie articule ce diptyque proposé à 5 000 euros à des œuvres de Rudolf Bonvie, Jürgen Nefzger, Dieter Appelt et Tony Oursler autour d’un fil rouge parfait pour la Fiac : l’argent.
Galerie Françoise Paviot (stand 0.C35)

Joan Miró, 1893-1983, Espagne
« Tous ces dessins, ce sont des points de départ possibles, rien d’autre », disait-il. « J’ai besoin que cela travaille dans mon esprit, comme en dehors de moi. » Joan Miró, qui aurait eu 109 ans cette année, a laissé de très nombreuses esquisses, à l’instar de ces Personnages, oiseau de 1975. Qu’ils aient ou non engendré une peinture, peu importe, ces dessins portent l’essence même du travail de l’artiste. Ils sont comme des graines. Tout ici de son vocabulaire y figure, dans l’inconscience, l’irrationalité et la brutalité d’une vision innommable.
Galerie Lelong (stand 0.A36), Galerie Zlotowski (stand 0.D34)

Lucio Fontana, 1899-1968, Italie
Le fondateur du spatialisme s’est rendu célèbre en « maltraitant » des surfaces monochromes, il fait des trous ou des incisions dans la toile qu’il nomme Concept spatial. Pour ce Milanais, « la toile n’est plus un support mais une illusion ». À l’aide d’une lame de rasoir, d’un poinçon ou d’un cutter, il perfore le plan du tableau pour en révéler l’espace tridimensionnel. La galerie Tornabuoni, qui défend les artistes italiens de la seconde moitié du XXe siècle, montre une poignée de ces Concepts spatiaux, peintures-sculptures aux tons rouge ou or [voir couverture] allant des années 1950 à 1968. Les prix pour cet artiste historique vont de 600 000 à plus d’un million d’euros.
Galerie Tornabuoni (stand 0.E30)

Josef Albers, 1888-1976, Allemagne
Joyau d’un stand consacré à l’art abstrait et aux abstractions géométriques, ce panneau, réalisé en pleine transition de l’Allemagne vers les États-Unis, est longtemps resté dans une collection privée. On en connaît deux études de 1932, l’une conservée au Centre Pompidou et l’autre au Hirshhorn de Washington, ainsi qu’une version de 1931-1932 en verre sablé issue de la collection de la Fondation Albers. Ce trio de K noir et blanc porte encore le rythme chromatique et géométrique, sceau de l’époque de Dessau.
Galerie Zlotowski (stand 0.D34)

Pierre Molinier, 1900-1976, France
L’évocation obsessionnelle de la sexualité fonde la démarche de Pierre Molinier dans ses peintures et ses dessins tout d’abord, puis dans d’étonnants photomontages à partir de la fin des années 1960. Comme chez Bellmer, le corps, essentiellement féminin, y est l’objet de toutes sortes de jeux combinés. Les jambes décuplées et gainées de bas noirs de ses modèles – dont il est parfois lui-même – leur confèrent l’allure de curieuses divinités.
Galerie 1900-2000 (stand 0.C25)

Kurt Schwitters, 1887-1948, Allemagne
Même s’il est un peu tardif dans la production de l’Allemand connu pour ses œuvres « Merz », ce collage reste intéressant. Réalisée au moment où l’artiste s’exile en Norvège, l’œuvre accumule des bons d’expédition en danois sur lesquels se répète le mot Vinstre. Seuls deux éléments chromatiques viennent rompre l’accumulation de ces mêmes bulletins, un caractère répétitif assez peu fréquent chez Schwitters.
Galerie Guillermo de Osma (stand 0.D36)

Frantisek Kupka, 1871-1957, Tchécoslovaquie
D’origine tchèque, installé à Paris en 1896, Kupka participa aux avant-gardes des années 1910, opérant une synthèse entre cubisme, futurisme et abstraction. Sensible au monde de la musique, il s’est appliqué à développer une œuvre qui rende visibles les mécanismes de la création.
La notion de rythme, comme en témoigne cette Étude pour La Fugue de 1920-1922, constitue l’une des marques de son style.
Galerie Le Minotaure (stand 0.E34), Galerie Zlotowski (stand 0.D34)

Alfred Manessier, 1911-1993, Vénézuela
Par-delà son appartenance à la seconde école de Paris, Alfred Manessier s’est toujours positionné comme un artiste engagé, protestant contre toutes les formes de dictatures et de misères. Ses « tours, favelas et autres œuvres monumentales » en sont un éclatant témoignage. Outre leur qualité chromatique et leur luminosité, ses toiles sont fortes d’une charge symbolique qui les érige en de sublimes instances où souffle l’esprit. Ainsi de l’Hommage à Oscar Arnulfo Romero, archevêque de San Salvador assassiné le 24 mars 1980, peint en 1980.
Galerie Applicat-Prazan (stand 0.C24)

Maison Maneval, 1923-1986, France
Tenté par un saut dans le rétrofutur ? La bulle six coques inventée en 1963 par Jean-Benjamin Maneval offre cette opportunité unique. Vestige d’un programme de production en série lancé à la fin des années 1960, cette maison en plastique de 32 m2 n’a pas rencontré un succès de masse, à peine une petite centaine d’exemplaires avant l’arrêt de sa production au début de la décennie suivante. On avait redécouvert une de ces bulles l’an dernier à Royan après que l’artiste basque Ibai Hernandorena en eut déniché une chez Emmaüs. Sa réhabilitation passe désormais par le cadre historique des Tuileries ! Prix demandé : 100 000 euros environ.
Galerie Jousse Entreprise (jardin des Tuileries)

Fernand Léger, 1881-1955, France
À n’en pas douter, les quatre dessins de Fernand Léger exposés dans le « Cabinet d’amateur » de Natalie Seroussi seront l’un des points de mire d’un ensemble brassant une majorité d’œuvres sur papier des années 1920 et 1930 signées Arp, Brauner, Dalí, Delaunay ou encore Ernst. Cette étude a été exécutée préalablement à une peinture éponyme détenue par le Denver Art Museum. Elle accompagne des Acrobates de 1920, une étude pour l’Escalier de la même année et une esquisse de femme de 1928.
Galerie Natalie Seroussi (stand 0.C22) 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°651 du 1 novembre 2012, avec le titre suivant : Ils sont la Fiac des historiques

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