Royaume-Uni - Société

Fréquenter les musées limite le risque de démence

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 11 juin 2019 - 507 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Une étude montre que les personnes allant régulièrement dans les musées sont moins vulnérables à la neurodégénérescence.

Le Caravage, Méduse, c. 1597, huile sur bois, 60 x 55 cm, Galerie des Offices, Florence. Photo Google Cultural Institute
Le Caravage, Méduse, c. 1597, huile sur bois, 60 x 55 cm, Galerie des Offices, Florence, Italie.

Se rendre régulièrement dans un musée réduirait la probabilité de démence. C’est la conclusion d’une récente enquête menée par des universitaires du département des sciences du comportement et de la santé de l’University College de Londres sur cette déficience cognitive qui recouvre, notamment, la maladie d’Alzheimer et de Parkinson.

Pour mener leur étude, les docteurs Daisy Fancourt, Andrew Steptoe et Dorina Cadar ont comparé, sur 10 ans, l’occurrence de démence au sein d’un échantillon de 3 911 individus de plus de 50 ans (63 ans en moyenne) divisés en 4 catégories de visiteurs : ceux qui ne se rendent jamais dans des musées (32 % de l’échantillon), ceux qui y vont moins d’une fois par an (26,8 %), ceux qui les fréquentent une à deux fois par an (21,6%) et ceux qui les visitent une fois ou plus par mois (18,9 %).

Les chercheurs ont relevé, chaque année, le nombre de symptômes de déficience cognitive dans leur échantillon. En moyenne, il s’élève à 5,42 sur 1000 personnes par an. Ce chiffre varie énormément entre la population qui déclare ne jamais aller aux musées, et celle qui affirme s’y rendre une fois ou plus par mois. En effet, le nombre d’incidences est évalué à 9,47 en moyenne dans la première catégorie, pour seulement 2,15 du côté de la seconde. 

Cet écart pourrait a priori s’expliquer par l’influence d’autres variables que la fréquentation de musées, telles que la situation économique ou le bagage héréditaire des participants. Toutefois, l’étude rapporte que « les analyses incluent des variables sur l’éducation, la santé et la classe socio-économique ainsi que des analyses isolées de ces facteurs […] Les résultats suggèrent qu’aller au musée est plus qu’un simple indicateur de l’efficacité de facteurs déjà connus pour protéger contre la démence ».

Ainsi, les résultats de cette étude ne se limitent pas à l’équation selon laquelle les habitués des musées sont majoritairement des membres des catégories sociales supérieures en meilleure santé que le reste de la population grâce à leur mode de vie.

Selon les chercheurs, c’est indépendamment que la visite d’un musée permet de retarder – voire de prévenir - la neurodégénérescence. Tout d’abord parce qu’elle est un exercice de stimulation cognitive complexe (analyse d’œuvres, travail de la mémoire, effort de compréhension...) qui cultive les fonctions cérébrales. Mais également car elle présente “ de multiples opportunités bonnes pour la préservation de la santé ”. À savoir : des interactions sociales, une activité physique et un sentiment de bien-être.

Les conclusions de cette étude s’inscrivent dans la lignée d'autres recherches contemporaines, dans le domaine du cognitivisme, qui démontrent l’influence positive du loisir sur l’entretien des facultés cérébrales. 

La fréquentation des musées pourrait-elle devenir une thérapie reconnue par l’État ? C'est en tout cas une piste que les meneurs de l’étude prennent au sérieux : “ les quelque 40 000 musées autour de l’Europe, des États-Unis et du Canada pourraient être des outils de santé publique ”, concluent-ils.
 

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