Entretien avec Christian Lacroix, couturier, commissaire invité des 39es « Rencontres d’Arles »

Comment avez-vous procédé pour élaborer les « Rencontres », qui sont traditionnellement très amples ?
Justement, en envisageant les choses le plus amplement possible, comme je le fais pour une collection, avec des choix intuitifs. Lister des noms et des thèmes autour des mots « photo », « rencontres » et « Arles » a été le point de départ. Nous avons ensuite affiné les choix au fur et à mesure de quelques rencontres et découvertes. Mais les tonalités du programme initial se sont imposées très tôt. J’ai tenu aussi à faire une programmation sur Arles ainsi que sur tous les travaux photographiques périphériques à la photo de mode.

Il s’agit de la section intitulée « Photographie vestimentaire »...
Olivier Saillard est le commissaire de ces expositions dont le point de départ est un fonds jamais montré de photos de dépôts de modèles, afin de protéger les droits des créateurs, des années 1910 à aujourd’hui. Cette programmation comporte aussi des vidéos de mode, des photos de « look books », des dossiers de presse, etc.

Quels sont pour vous les points communs entre les individualités que vous défendez ici ? N’y a-
t-il pas un grand écart entre Joël Bartoloméo ou Georges Tony Stoll et Paolo Roversi ou Guido Mocafico ?
Le thème en creux de ces Rencontres, qui, pour moi, relie tout, est celui de la « Vanité ». Je ne suis pas dans le concept mais dans l’intuitif, avec la prétention de penser que ce qui les relie, c’est le choix que j’en ai fait. J’aime la cohérence des patchworks, l’harmonie qui peut naître de tout ce qui est composite, hétérogène, en apparence paradoxal. Je suis persuadé que l’ennui naît de l’uniformité. Par ailleurs, Joël Bartoloméo et Georges Tony Stoll parlent chacun à leur manière de la notion d’identité, et Paolo Roversi et Guido Mocafico partagent une certaine picturalité, j’irais jusqu’à dire un sens du sacré.

Concernant les expositions personnelles, comment souhaitez-vous traiter chaque photographe ?
Ces expositions ont été des cartes blanches données à chacun à partir de nos premiers échanges. J’ai soumis à tous l’idée de montrer la part inattendue ou cachée de leurs travaux, les recherches qui leur tenaient à cœur et allaient au-delà de la perception que l’on a d’eux [généralement]. Je suis comblé par le résultat.