Spécial Covid-19

« Combler le manque » : le public retrouve cinés et musées

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 20 mai 2021 - 713 mots

FRANCE

Il y a ceux qui étaient dès 07h30 devant les cinémas, d'autres qui ont pris un jour de congé pour retourner au musée : mercredi, ils étaient nombreux à venir se nourrir de culture, après plus de 200 jours de sevrage.

C'est sous les applaudissements de la première cinquantaine de visiteurs que le Louvre a ouvert ses portes vers 09h00. Frédéric Destival, auto-entrepreneur de 47 ans, est le premier à entrer pour admirer la Joconde : « Elle m'a manqué pendant sept mois. Heureux de la retrouver! ». Comme pour tous les musées, la distanciation est de mise avec la règle des 8 m2 par visiteur.

« Voir une œuvre sur place procure une émotion que l'on n'a pas avec un catalogue », explique Pierre Jorsin, premier dans la file d'attente pour la réouverture du Mucem, à Marseille. Un peu plus loin, Vassilia Ros, employée d'un centre de vaccination qui a pris un jour de congé pour l'occasion, se félicite « d'échapper pour un temps à la crise sanitaire ».

A Strasbourg, au palais Rohan, Lou Abela, 19 ans, étudiante en art, ne cache pas sa joie. « On a fait tout un cours sur le musée sans pouvoir y aller. Aujourd'hui, j'ai pris cinq réservations (dans les musées) pour la journée complète ».

Et au musée des Confluences à Lyon, Marie-Aimée, 69 ans, est venue spécialement de Grenoble pour voir une exposition sur les oiseaux.

« Sortir pour s'enfermer au ciné »

« J'attendais juste de pouvoir sortir pour mieux m'enfermer dans une salle de ciné et faire le plein de films », s'enthousiasme Angie Sembach, étudiante de 21 ans, devant un cinéma du centre de Strasbourg où la file d'attente se prolongeait sur le trottoir.

« On avait vu avec les pré-ventes qu'il y avait une attente. On a des films complets. Certes on est en jauge de 35 %, mais quand même », se réjouit Flore Tournois, directrice d'exploitation des cinémas Star à Strasbourg.

Luce Van Dam, 17 ans, venue pour la séance de 08h20 au MK2 Bibliothèque, à Paris, veut « enchaîner deux trois séances dans la journée ». Pour elle, « ce n'est pas tant le film qui compte mais l'ambiance, le grand écran, ressortir un peu groggy ».

Le Grand Rex, lui, a accueilli dès la matinée 800 fans d'animation japonaise qui se sont pressés pour voir le manga « Demon Slayer », qui a fait déjà un carton au Japon.

Séance VIP aux Sept Parnassiens, dans le quartier Montparnasse à Paris : le Premier ministre Jean Castex et la ministre de la Culture Roselyne Bachelot ont été voir « Slalom », un premier film sur le harcèlement sexuel dans le sport.

Théâtres ouverts, fermés... et occupés

Le paysage est plus contrasté du côté des salles de théâtre et d'opéra, où la jauge est de 35 %. Les grandes salles subventionnées rouvrent cette semaine.

« Dès que la date d'ouverture a été annoncée, on a été débordé par les coups de fil, on sent que ça vibre », affirme Olivier Chapelet, directeur du Théâtre actuel et public de Strasbourg (TAPS).

Représentation avancée à 19h00, fin du spectacle à 20h20, afin de respecter le couvre-feu à 21h00. Toutes les représentations sont complètes. Dans la salle, des housses en tissu ont été installées sur les fauteuil condamnés afin de respecter la jauge, qui limite la capacité d'accueil à 48 spectateurs, contre 135 en temps normal.

« La vie de troupe ensemble, pouvoir boire un coup ensemble, on va enfin le retrouver.... Mais ce soir, avec le couvre-feu, les spectateurs ne pourront pas rester après, et le pot de première, traditionnel, c'est niet », souligne Sebastien Troester, directeur musical du spectacle au TAPS.

Mais du côté du privé, la plupart des théâtres ont décidé de rouvrir en juin, lorsque la jauge remontera à 65 %, voire à l'automne. « Quel est le producteur qui va se lancer dans un spectacle, avec une jauge plus que drastique ? Il ne peut que perdre de l'argent ou déposer le bilan », affirme Jean Bouquin, à la tête du Théâtre Déjazet à Paris, qui compte rouvrir le 12 octobre.

Et près de 100 théâtres continuent à être occupés en France par des intermittents qui réclament le retrait de la réforme de l'assurance chômage. A Paris, l'Odéon a annulé sa représentation prévue mercredi, avec Isabelle Huppert.

Avec les bureaux de l'AFP en région,
par Nicolas Bove et Antoine Pollez

Cet article a été publié par l'AFP le 19 mai 2021.

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