Bordeaux se découvre

Par Stefan Cornic · Le Journal des Arts

Le 13 novembre 2013 - 665 mots

Derrière son image classique, la ville aux 374 monuments a su transformer en profondeur son cadre urbain.

Surnommée « la belle endormie », Bordeaux, n’a en réalité rien à envier à d’autres grandes villes régionales considérées de prime abord comme plus vivantes ou dynamiques. Elle a su depuis le milieu des années 1990 se rénover et penser son développement urbain en tirant parti de la culture. Lentement mais sûrement, la ville opère sa mutation et travaille ses points faibles.

Bordeaux compte 70 monuments classés et 304 inscrits au titre des monuments historiques (se plaçant ainsi derrière Paris dans cette catégorie), tandis que les 1 810 hectares du centre historique sont inscrits, sous l’appellation « Port de la lune », sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. La politique de mise en valeur de ce patrimoine menée depuis 1995 par le maire, Alain Juppé, a permis à Bordeaux d’acquérir en 2009 le label « Ville d’art et d’histoire », une reconnaissance qui s’accompagne de nouvelles obligations. D’après Dominique Ducassou, adjoint chargé de la culture depuis 2001, « Bordeaux est une ville qui a son histoire et un patrimoine porteur de cette histoire-là. Mais ce n’est pas une ville-musée, car son patrimoine est un patrimoine qui travaille ».

Maillage du territoire
Une fois la phase de restauration achevée, la Ville a pu mettre en place un plan de réaménagement urbain. « Notre travail consiste à irriguer la ville, à ne pas regrouper la culture dans un seul quartier, de manière à éviter les concentrations, affirme Brigitte Proucelle, directrice des affaires culturelles. Chaque fois qu’un nouvel îlot se construit, nous essayons de dégager un espace pour la création ». Arrivée en 2007, au moment du lancement du projet « Bordeaux 2013 : Capitale européenne de la culture », elle souligne que, si Bordeaux ne l’a pas emporté, « cela a permis de faire un état des lieux et de travailler sur [ses] faiblesses ». La ville, qui manquait notamment d’ateliers d’artistes, a aidé des associations et une fédération d’acteurs culturels et d’artistes bordelais comme Pola, qui occupe de manière transitoire des immeubles en friche et devrait s’installer de manière pérenne au cœur du futur éco-quartier Bastide-Niel.

Toutefois, selon Bernard Magrez, fondateur de l’Institut culturel qui porte son nom (lire le JdA no 399, 18 oct. 2013), « il faudrait avoir une offre plus complète de galeries à Bordeaux, et pour cela la Ville n’y peut pas grand-chose ». Ses représentants peuvent cependant comprendre que l’organisation de grands événements peut susciter des effets d’entraînement. Ainsi, l’impact, dans le passé, du festival Sigma (1965-1996), les deux tentatives en 2009 et 2011 d’« Evento » (qui sous une forme repensée pourrait avoir lieu en 2015), ou l’actuelle biennale d’architecture Agora, est important. Ces manifestations « pénètrent l’imaginaire de la population, des artistes et des décideurs », d’après Brigitte Proucelle, et agissent, selon une autre temporalité, sur le territoire.

Nouveau calendrier
Alain Juppé, en campagne pour les municipales 2014, a déclaré en septembre avoir nommé José-Manuel Gonçalvès, le directeur du Centquatre à Paris, à la tête de la commission du fonds de soutien à la création. Il a précisé vouloir porter sa dotation de 150 000 à 500 000 euros par an dès 2014 : « une mesure importante pour nos anciens étudiants et jeunes diplômés, qui constitue la prochaine étape après le travail de fond qu’a fait la Ville », affirme Hervé Alexandre, secrétaire général et directeur par intérim avec Annette Nève de l’École d’enseignement supérieur des beaux-arts (EBABX).

Au CAPC-Musée d’art contemporain, qui fête cette année ses 40 ans, on attend avec impatience le remplaçant de Charlotte Laubard, sa directrice, qui a annoncé son depart il y a plusieurs mois. Un changement de direction qui concernera également le Musée des beaux-arts, puisque son directeur, José de Los Llanos quittera en décembre ses fonctions. Le musée, qui souffre d’un manque de rayonnement, est actuellement fermé pour réaménagement et rénovations. « Laissons-lui le temps d’opérer sa mutation », plaide Brigitte Proucelle.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°401 du 15 novembre 2013, avec le titre suivant : Bordeaux se découvre

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