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Au Met, la K-Pop ambassadrice des arts sud-coréens

NEW YORK / ÉTATS-UNIS

Le célèbre groupe BTS accroît son empreinte sur le monde de l’art pour « répandre la culture coréenne à travers le monde ».

Le groupe de K-Pop BTS (au second rang) et la première dame sud-coréenne Kim Jung-sook accompagnée du directeur du Met Max Hollein (au centre) © Metropolitan Museum of Art de New York
Le groupe de K-Pop BTS (au second rang) et la première dame sud-coréenne Kim Jung-sook accompagnée du directeur du Met Max Hollein (au centre).
© Metropolitan Museum of Art de New York

New York. Dans le paysage feutré des rencontres diplomatiques, leur présence dénote quelque peu. Le 21 septembre dernier, les sept membres du groupe BTS, un boys band de K-pop (ou pop coréenne) originaire de Séoul, participaient à New York à la 76e Assemblée générale des Nations Unies avec le président sud-coréen Moon Jae-in. Ils y ont prononcé un long discours, suivi par plusieurs millions de personnes en direct, abordant des thèmes aussi variés que les inégalités, le changement climatique ou la lutte contre le Covid-19.

Parés du nouveau titre d’« envoyés spéciaux du président pour les générations futures et la culture », ils étaient le soir même au Metropolitan Museum of Art (Met, voir ill.), aux côtés de la première dame Kim Jung-sook et du ministre de la Culture Hwang Hee pour remettre au musée, au nom du gouvernement, un ensemble de cinq vases en laque. L’œuvre de l’artiste contemporain Chung Haecho, Rythm of the Five Color Luster (2013), figurera en bonne place dans la première exposition que le Met consacrera à ce médium à partir du 13 décembre prochain.

« Le monde a les yeux rivés sur la culture coréenne – les séries coréennes, les films coréens, la musique coréenne –, mais il y a encore tant de grands artistes coréens que le monde doit découvrir », explique RM, le leader du groupe, au cours de la réception bilingue qui s’est tenue sur le toit du musée. Dans leurs nouveaux rôles d’envoyés spéciaux, les membres de BTS « se sentent particulièrement fiers » de pouvoir soutenir le travail d’artistes sud-coréens et se donnent pour mission de « répandre la culture coréenne à travers le monde ».

La « vague » sud-coréenne

Phénomène né dans les années 1990, la K-pop est aujourd’hui un outil diplomatique majeur pour la Corée du Sud. En 2019, 6,1 milliards de tweets ont évoqué le genre, soit 11 000 toutes les minutes. Sur les réseaux sociaux, les communautés de fans sont très organisées : celle de BTS compterait près de 100 millions de membres. Ils incarnent l’un des piliers de la « vague » ou « hallyu », diffusion massive de la culture sud-coréenne à travers les arts qui est au cœur de la politique internationale du pays. Grâce à elle, « désormais, la Corée du Sud n’est plus un pays coincé entre les deux grandes puissances que sont le Japon et la Chine, son image a fortement évolué », explique le géopolitologue Barthélemy Courmont.

Les liens entre K-pop et arts visuels sud-coréens sont de plus en plus étroits, poussés et soutenus par l’État. L’an dernier, BTS s’était déjà fait remarquer en lançant une série de projets artistiques dans cinq grandes villes. Au Met, le groupe franchit une nouvelle étape.

La robe de la discorde  

Gala. Le 13 septembre, ce ne sont pas Kim Kardashian, Timothée Chalamet ou Rihanna qui ont fait sensation au gala du Metropolitan Museum of Art, le premier à se tenir physiquement en deux ans, mais Alexandria Ocasio-Cortez (AOC). La jeune députée de New York, représentant l’aile gauche du parti démocrate, a monté les marches du musée dans une robe blanche barrée en lettres rouges de la mention « Tax the rich » (Imposons les riches). Co-organisé par le magazine Vogue, le gala lève des fonds pour le Costume Institute du musée. Avec un ticket d’entrée à 35 000 dollars (30 000 euros), il est l’un des grands rendez-vous mondains de la ville. Si AOC s’est empressée de préciser que la robe lui était prêtée et qu’elle était invitée par le musée, beaucoup lui ont reproché le paradoxe, notamment dans son propre camp. La députée, elle, s’est réjouie d’avoir transformé le gala en « plateforme politique ».

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°574 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Au Met, la K-Pop ambassadrice des arts sud-coréens

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