Un musée italien veut mettre le feu à sa collection

Par Thomas Bizien · lejournaldesarts.fr

Le 19 avril 2012 - 405 mots

CASORIA (ITALIE) [19.04.12] – L’initiative, baptisée « Art war », vise à protester contre les coupes budgétaires du secteur culturel italien. PAR THOMAS BIZIEN

Privé de subvention, le Musée d’art contemporain de Casoria veut brûler des œuvres de sa collection. Annoncé depuis deux mois, le plan est mis en exécution depuis le 17 avril. Avec le consentement de l’artiste, le directeur du Musée a passé au lance-flammes une peinture de Séverine Bourguignon, encore exposée quelques heures plus tôt. Les ravages des flammes étaient observables en direct sur Skype.

Prélude d’une action plus large, intitulée « Art War », Antonio Manfredi, le directeur du Musée, entend réduire en cendre trois œuvres par semaine, jusqu’à faire réagir les pouvoirs publics sur l’état du secteur culturel italien. « Les mille oeuvres que nous exposons sont de toute façon promises à la destruction en raison de l'indifférence du gouvernement », a-t-il expliqué à l’AFP.

Dans la péninsule italienne, les plans d’austérité se succèdent. Le domaine culturel, touché par des restrictions budgétaires depuis une dizaine d’années, est au bord de l’implosion. En dix ans, le poids de la Culture dans les dépenses de l’État italien a fortement diminué, passant de 0,48 % (2001) à 0,18 % (2011). Devant l’ampleur de la dette publique italienne, la chute s’est encore accélérée. « Si le gouvernement laisse Pompéi s'écrouler, quel espoir a mon musée », s’est interrogé Antonio Manfredi après l’effondrement de la maison des gladiateurs de la célèbre cité antique.

Le directeur n’en est pas à sa première action pour tenter de faire prendre conscience du marasme que connaît le secteur culturel italien. L’année dernière, il écrivait à la chancelière allemande Angela Merkel pour lui demander l'asile. « L'Allemagne est l'un des seuls pays qui n'ait pas taillé dans le budget de la culture. Elle accorde beaucoup d'argent à la recherche, pas comme ici », avait-il alors expliqué à l'AFP. Pour enfoncer le clou, il avait même planté un drapeau allemand devant le musée.

Si Manfredi n'a jamais reçu de réponse de Mme Merkel, le Tacheles, squat emblématique de Berlin, lui avait offert « l'asile artistique » en mai 2011. Les deux organisations ont monté une exposition pour sensibiliser les Allemands aux problèmes de mafia en Italie et son infiltration dans la société, sous le titre de « CAM in Berlin – They could live in Germany ».

Voir la vidéo du directeur du musée en train de brûler la 1ère oeuvre

Légende photo

Casoria contempora art museum - source www.casoriacontemporaryartmuseum.com

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