Découverte du témoignage le plus ancien de la présence musulmane en France

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 2 mars 2016 - 463 mots

NIMES [02.03.16] – A la suite de fouilles préventives entreprises en 2006 par l’Inrap préalablement à la construction d’un parking souterrain à Nîmes, des chercheurs ont découvert le premier témoignage archéologique et anthropologique de la présence musulmane en France, durant le premier Moyen Âge (VIIe – IXe siècle).

Des fouilles préventives de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont mis au jour trois sépultures témoignant de la présence musulmane en France dès le premier Moyen Âge (VIIe – IXe siècle). Des chercheurs de l’Inrap et de l’UMR Pacea, Université de Bordeaux, ont publié les résultats de leurs recherches dans la revue Plos One.

Si des sources historiques documentaient déjà la présence musulmane en France durant la première moitié du VIIIe siècle, aucune découverte de restes humains de cette époque n’appuyait ces documents. Il y avait bien de rares témoignages archéologiques, comme des céramiques découvertes à Narbonne ou des monnaies retrouvées dans l’axe de circulation reliant la péninsule ibérique à la France ainsi que des sources textuelles, comme la Chronique de Moissac qui pouvaient attester de l’existence de musulmans en France dès l’An 720. Mais aucun signe ne témoignait d’une présence musulmane sur une longue période. Les plus vieilles sépultures musulmanes trouvées en France dataient du XIIIe siècle (Marseille) et du XIIe siècle (Montpellier), a expliqué au Journal des Arts Yves Gleize, chargé d’opération et de recherche à l’Inrap.

Cet archéologue est intervenu sur le site nîmois, où un quartier résidentiel antique de la cité ainsi qu’une vingtaine de sépultures ont été mises au jour, pour étudier les tombes des niveaux médiévaux. « Trois inhumations d’hommes se distinguent par la position du corps des défunts, déposés sur le côté droit, la face orientée vers le sud-est. La position du corps, la tête orientée vers la Mecque comme le dépôt direct dans une fosse étant des caractéristiques évoquant les rites musulmans. »

L’équipe de chercheurs a fait réaliser plusieurs datations radiométriques sur ces trois individus. Les résultats ont permis de révéler qu’ils avaient vécu entre le VIIe siècle et le IXe siècle. Une analyse paléo-génétique a été entreprise en sus afin d’en savoir plus sur l’identité des individus. Les résultats révèlent a priori l’origine berbère nord-africaine de ces trois individus, « du moins en ce qui concerne leur lignée paternelle ». Les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’ils pourraient s’agir de soldats berbères enrôlés dans l’armée omeyyade, durant l’expansion arabe en Afrique du Nord.

Au début du Moyen Âge, la rapide conquête arabo-islamique a entraîné de profonds changements politiques et culturels dans le monde méditerranéen. « Non seulement cette découverte apporte les premières données anthropologiques et génétiques sur l’occupation islamique du territoire wisigothique de la Septimanie, mais elle souligne également la complexité de la relation entre les deux communautés durant cette période » conclut l’étude.

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Sépultures musulmanes découvertes lors des fouilles du parking avenue Jean-Jaurès à Nîmes © 2016 Gleize et al. - Licence CC BY 4.0 

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