Mille ans d’histoire islamique

Arts d’Orient à Paris les 18 et 19 septembre

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2000 - 565 mots

Deux études, Boisgirard et Poulain-Le Fur, assistées des experts Annie et Corinne Kevorkian, regroupent leurs forces pour disperser, les 18 et 19 septembre à l’hôtel des ventes du palais des Congrès (porte Maillot), un bel ensemble d’arts d’Orient – céramiques médiévales, archéologie, tableaux orientalistes, miniatures – issu de trois collections représentant mille ans d’histoire : celles de l’ingénieur Francis Barillet, du peintre et sculpteur Ernst Yelin et de l’universitaire Maurice Bouvier.

PARIS - Femme de Marrakech, une aquarelle de Jacques Majorelle estimée 200-250 000 francs, devrait sans nul doute profiter de la forte demande qui se porte sur l’artiste et obtenir une enchère élevée. Une toile du peintre, Dans la palmeraie, est partie à 1,6 million de francs – un record mondial pour une de ses œuvres – le 12 mai à Drouot. Cet ensemble de tableaux orientalistes peu étoffé se compose aussi d’une huile de George Washington, Cavaliers au bord de l’Oued (120-150 000 francs) et d’un pastel de Émile Deckers, Trois femmes d’Alger (80-100 000 francs).

La vente comprend également des céramiques islamiques (plus de 300 lots) dont un bel ensemble d’objets Samanides (IX-XIe siècles) comme une grande coupe dite coupe aux palmes décorée sur les parois, en noir et rouge sur engobe blanc, sous des bandeaux inscrits en minuscule écriture coufique (60-80 000 francs) et un très beau plat décoré en engobe blanc, rouge et ocre sur un fond crème orné de quatre grands oiseaux (15-20 000 francs).

Miniatures persanes
La vacation se poursuivra avec des céramiques Khanides des XIIIe et XIVe siècles dont un superbe carreau épigraphique de revêtement carré, décoré sur glaçure blanche d’une large inscription bleue se détachant en relief sur un fond orné de palmettes (50-70 000 francs). Le plat au simurgh, au superbe décor animalier d’inspiration orientale, est, sans nul doute, la pièce maîtresse de cet ensemble (80-120 000 francs). Cette pièce, qui est un des plus anciens exemples de la céramique médiévale de l’Occident musulman, semble avoir été influencée par la majolique italienne d’Orvieto à moins qu’elle ne l’ait été par la céramique espagnole de Paterne (Valence). Une cinquantaine de pièces d’archéologie seront ensuite dispersées dont un pic à lame orné de deux personnages assis tenant deux animaux (art Élamite, 2e millénaire av. J.-C., 80-100 000 francs) et une plaque rectangulaire en bronze à patine noire ornée au repoussé d’un masque d’homme barbu aux sourcils marqués de stries (140-180 000 francs). On remarquera également quelques terres cuites dont une statuette en terre rouge représentant une idole féminine, seins et nombril pointés en avant, coiffée d’un bonnet (début du 1er millénaire av. J.-C., 100-120 000 francs). La vente se prolongera le 19 septembre avec des céramiques ottomanes, du XVIe au XIXe siècle, dont un très beau pichet “çintamani” Iznik décoré sur fond bleu de sequins en engobe rouge inscrits dans des pastilles blanches et de lèvres de Bouddha (seconde moitié du XVIe siècle, 140-180 000 francs). À noter aussi une paire de chandeliers en porcelaine “bleu et blanc” d’époque Qianlong à triple étage, décorés de quatorze bandeaux concentriques à motifs floraux et géométriques (180-220 000 francs). Des couleurs éblouissantes illumineront la dispersion des miniatures persanes parmi lesquelles on remarquera une superbe page d’album rose saumon représentant un couple d’amoureux enlacé dans l’embrasure d’une porte (Iran, début XVIIe, 12-15 000 francs) et une autre représentant le roi sassanide à cheval, chassant l’antilope (milieu du XVIe siècle, 12-14 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°110 du 8 septembre 2000, avec le titre suivant : Mille ans d’histoire islamique

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