Musée - Nomination

Une Turque remplace un Allemand à la présidence du Conseil international des musées

Par David Robert (Correspondant à Rio de Janeiro) · lejournaldesarts.fr

Le 11 juillet 2016 - 639 mots

MILAN (ITALIE) [11.07.16] – A l’issue de sa 24e Conférence Générale qui se tenait à Milan, le Conseil international des musées (ICOM) a élu à sa tête la candidate turque Suay Aksoy, qui remplace Hans-Martin Hinz.

Elle était largement favorite, le scrutin l’a confirmé. Avec 75 % des suffrages exprimés lors de la 24e Conférence générale du Conseil international des musées (ICOM), qui s’est tenue du 3 au 9 juillet à Milan, la nouvelle présidente est la turque Suay Aksoy. Jusqu’ici à la tête du comité consultatif de l’organisation, elle remplace Hans Martin Hinz, président de l’ICOM depuis 2010.

La co-fondatrice de l’Association des musées turcs connaît bien l’institution et ses comités internationaux. Elle a notamment siégé au comité sur les collections et activités des musées de villes (CAMOC). Figure reconnue pour son engagement politique (elle est cofondatrice de KA-DER, une ONG stambouliote qui travaille à une meilleure représentation des femmes dans la vie politique), cette diplômée de l’université de Leicester l’a emporté sur Kérya Chau Sun. La candidate cambodgienne avait axé sa candidature sur son profil de spécialiste du patrimoine plus que des musées, son nom étant très associé de la protection et de la promotion du site d’Angkor.

Suay Aksoy lui a été préférée car plus en phase avec les priorités actuelles de l’ICOM : la formation, l’éthique, la coopération et la lutte contre le trafic, le tout par une subtile mais essentielle différenciation d’avec les missions plus patrimoniales de l’Unesco.

La conférence où se sont succédés plusieurs centaines de conférences, de débats et d’ateliers, a permis de voter les résolutions préparées depuis la Conférence de Rio de Janeiro, en 2013 et de préparer celles qui seront soumises à Kyoto en 2019. Les nouveaux statuts de l’ICOM ont été adoptés à une large majorité (80 %). Ils répondent à un besoin unanimement exprimé d’une plus grande réactivité de l’organisation à l’actualité. La candidate cambodgienne avait confié au Journal des Arts son souhait « d’un ICOM moins bureaucratique, plus axé sur le terrain ». Faisant écho aux propos de l’écrivain turc et prix Nobel Orhan Pamuk, qui avait plaidé lors de la plénière d’ouverture pour « une dimension plus intime, moins institutionnelle et plus tournée vers l’individu », Kérya Chau Sun avait ajouté : « il faut imaginer des petits écomusées partout ; nous devons convaincre tout le monde de préserver et conserver sa culture », manière de souligner que les grands musées sont une composante importante de l’ICOM mais que ce dernier doit d’abord aider les petites structures.

Immigration, capital culturel, efficacité économique, rapport au marché de l’art, développement de l’Afrique : la conférence n’a éludé aucun des grands thèmes d’actualité ni des sujets sensibles. Elle a tenu conférences et ateliers pour évaluer les effets et envisager le développement de ses listes rouges. Depuis qu’il a été prouvé que l’Etat Islamique se finance aussi par l’intermédiaire dudit trafic, la coopération internationale sur les biens archéologiques volés est revenue parmi les priorités des politiques.

Regrettant la forme unilatérale de l’annonce de François Hollande du 5 juillet dernier mais se félicitant de l’intérêt renouvelé du président pour ces questions, Anne-Catherine Robert Hauglustaine, directrice générale de l’ICOM, confiait dans les couloirs de Milan : « c’est dans la droite ligne des propositions de Jean-Luc Martinez, avec qui nous sommes en constante coopération. C’est une bonne nouvelle et cette conférence ne pourra pas se tenir sans nous ».

Lors de la cérémonie de clôture qui a présenté aux membres la composition du nouveau Conseil exécutif de l’ICOM, l’énoncé des priorités stratégiques 2017-2019 a dessiné l’agenda présidentiel de Suay Aksoy : accroître les contributions des membres dans les domaines de la communication, de la formation et du développement local ; pérenniser l’internationalisation de l’ICOM par une visibilité toujours croissante ; asseoir la légitimité et le rôle international de l’ICOM dans la coopération.

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Logo du Conseil International des Musées © Photo Conseil international des musées

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