Bélize - Archéologie

Une sépulture royale maya découverte au Bélize

Par Quentin Humblot · lejournaldesarts.fr

Le 18 juillet 2025 - 513 mots

CARACOL / BÉLIZE

La tombe récemment exhumée, sur le site de Caracol au Bélize, bouleverse la chronologie admise des relations entre cités mayas et Teotihuacan, en révélant l’existence de liens politiques dès le début IVᵉ siècle.

La pyramide Caana sur le site maya de Caracol au Bélize © Dennis G. Jarvis, 2007, CC BY-SA 2.0
La pyramide Caana sur le site maya de Caracol au Bélize.

La récente mise au jour d’une sépulture royale sur le site de Caracol, au Bélize, apporte de nouveaux éléments sur les origines du pouvoir monarchique maya. En janvier 2025, des archéologues de l’Université de Houston ont découvert la tombe présumée de Te K’ab Chaak, considéré comme le fondateur de la dynastie de Caracol, l’un des principaux centres urbains du monde maya. Datée d’environ 350 ap. J.-C., la sépulture a été localisée dans l’acropole nord-est du site.

La fouille a livré un mobilier funéraire remarquable : un masque mortuaire en mosaïque de jadéite, des bijoux en jade, des tubes d’os gravés, onze vases en céramique décorés de scènes rituelles, ainsi que des coquillages spondyles en provenance du Pacifique. Ces objets témoignent de réseaux d’échanges étendus et du statut élevé du défunt. L’état de conservation des restes indique qu’il s’agissait d’un homme d’environ 1,70 mètre, édenté, probablement âgé, ce qui appuie l’hypothèse d’un individu appartenant à l’élite maya.

Le programme de recherche à Caracol est dirigé depuis 1985 par Arlen et Diane Chase, respectivement professeur et vice-présidente de l’Université de Houston, en partenariat avec les autorités patrimoniales béliziennes. Ces travaux ont permis de documenter l’étendue de la cité, dont le noyau monumental couvre près de 200 km², avec notamment la pyramide Caana (43 m), plusieurs places cérémonielles et une cinquantaine de stèles sculptées.

Parmi les apports majeurs de cette découverte figure la présence de symboles et d’objets d’origine étrangère, accréditant l’existence de relations diplomatiques anciennes entre Caracol et Teotihuacan, principal centre urbain de la vallée de Mexico, situé à plus de 1 200 kilomètres. L’analyse du mobilier funéraire suggère l’existence d’échanges politiques, économiques et religieux antérieurs à l’entrada de 378, une intervention militaire de Teotihuacan à Tikal mentionnée dans les sources épigraphiques, qui a modifié durablement l’équilibre régional.

Le contexte mésoaméricain des IVe et Ve siècles est marqué par l’émergence de cités-États, la consolidation de centres majeurs tels que Teotihuacan, et la multiplication des réseaux d’alliances. L’entrada a introduit à Tikal des dynasties liées à Teotihuacan. À Caracol, les données archéologiques suggèrent une chronologie distincte et appellent à réévaluer le schéma d’une domination militaire directe au profit d’un modèle fondé sur la circulation de pratiques, de personnes et de ressources entre puissances régionales.

Depuis sa redécouverte en 1937, et plus intensivement depuis les années 1950, Caracol s’est affirmé comme un site de référence pour l’étude de la civilisation maya classique. Les fouilles ont permis de dégager des ensembles résidentiels, des monuments astronomiques et des tombes plus anciennes, confirmant l’importance politique du site dans l’aire culturelle maya.

Les prochaines étapes du projet incluent des analyses d’ADN ancien, des études isotopiques et la restauration du masque en jadéite. Les premiers résultats seront présentés lors d’un colloque international organisé à Santa Fe en août 2025. Les artefacts sont conservés par l’Institut d’archéologie du Bélize et feront l’objet de protocoles de conservation renforcée en vue d’une présentation publique à l’échelle nationale.

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