Archéologie

Doubs : mise au jour d'un village mérovingien unique en France

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 7 octobre 2020 - 406 mots

PONTARLIER

Un village mérovingien entier et unique en France, datant des VIe et VIIe siècles, a été découvert à Pontarlier (Doubs), témoignant des stratégies de conquête des Francs, a annoncé mardi l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Fouille d'une tombe sur le site de Pontarlier. © Phillipe Haut/ Inrap.
Fouille d'une tombe sur le site de Pontarlier.
© Phillipe Haut / Inrap

Les fouilles, menées depuis plus d'un an, ont révélé l'ancienne présence de ce village entier du premier Moyen Age, de sa nécropole et d'une très rare église en bois à plan basilical sur le site « des Gravilliers », à Pontarlier, près de la frontière avec la Suisse. Aucun bâtiment n'a toutefois subsisté sur le site où ne demeurent que leurs fondations, a constaté l'AFP.

Cet habitat mérovingien qui comportait une dizaine de grands bâtiments de 200 à 300 m2 chacun, probablement constitués d'un partie d'habitation et d'une autre destinée à la stabulation des bêtes, a été occupé pendant près de 200 ans.

« Un village avec son église, son aire d'activité économique et sa nécropole, il n'y en a pas de comparable en France. Mais on en trouve en Suisse alémanique et en Bavière (Allemagne), d'où l'hypothèse d'une architecture en bois d'influence germanique », a expliqué lors d'une conférence de presse Michiel Gazenbeek, responsable de recherche archéologique à l'Inrap.

L'apparition du village est contemporaine de la période de conquête du royaume des Burgondes par les Francs. Selon les archéologues, les Francs auraient déplacé une famille de nobles germaniques, avec sa suite, pour l'implanter dans ce domaine afin d'asseoir leur domination.

A l'époque, le bourg de Pontarlier était un lieu de passage stratégique pour relier le sud au nord de l'Europe. « C'était la route à surveiller et à contrôler à tout prix », précise M. Gazenbeek.

Des traces de cabanes permettant de stocker les aliments, les animaux ou diverses activités, ainsi que 74 tombes disséminées dans le village ont aussi été découvertes lors des fouilles. Les objets présents dans les tombes - épées, éperons, bijoux - montrent que les personnes qui habitaient ce village avaient un certain statut social, souligne Michiel Gazenbeek.

La découverte d'amas de milliers d'ossements d'animaux, essentiellement des bœufs et des chevaux, a permis d'établir la présence d'une boucherie d'au moins 600 m2. Pour l'archéologue, cette zone d'abattage « permet de déterminer quels animaux ils ont tué et quelle était l'économie d'élevage pratiquée ».

Les fouilles, prescrites par l'Etat, ont par ailleurs dévoilé une occupation mésolithique du lieu, datant de 10 000 à 6 000 avant Jésus-Christ et correspondant à la dernière période des chasseurs-cueilleurs d'Europe.

Cet article a été publié par l'AFP le 6 octobre 2020.

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