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Une nouvelle identité proposée pour La Jeune fille à la perle

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 15 octobre 2025 - 417 mots

Une étude relance le mystère du modèle que certains pensent être la fille d’un couple de mécènes de Vermeer.

Johannes Vermeer (1632–1675), Jeune fille à la perle, c. 1665, huile sur toile, 44 x 39 cm, Mauristhuis, La Haye. Domaine public
Johannes Vermeer (1632–1675), La Jeune Fille à la perle, c. 1665, huile sur toile, 44 x 39 cm, Mauristhuis, La Haye.

La Jeune fille à la perle pourrait représenter Magdalene van Ruijven, la fille des principaux mécènes de Johannes Vermeer. C’est du moins l’hypothèse avancée par l’historien de l’art britannique Andrew Graham-Dixon dans son ouvrage récemment publié Vermeer: A Life Lost and Found. Le livre propose une nouvelle lecture de l’œuvre du peintre, où le symbolisme et la spiritualité occupent une place centrale.

S’appuyant sur des recherches archivistiques menées à Delft et à Rotterdam, ainsi que sur des études consacrées à Vermeer, l’auteur retrace les liens de l’artiste avec Pieter van Ruijven et Maria de Knuijt, afin d’étayer son argument sur l’identité du modèle.

L’artiste travaillait presque exclusivement pour ce couple de mécènes : près de la moitié de sa production aurait été achetée ou commandée par eux. Une étude publiée en 2023 par les chercheurs Piet Bakker et Judith Noorman (université d’Amsterdam) a montré que Maria de Knuijt, et non son époux, était la véritable commanditaire des œuvres de Vermeer, ce qui suggère une influence déterminante sur sa carrière.

Le couple appartenait à une branche protestante radicale, les remonstrants (ou arminiens). Maria de Knuijt était membre du courant collégial, marqué par un idéal pacifiste et démocratique. Vermeer, ayant lui-même reçu une éducation arminienne, partageait leurs convictions religieuses et évoluait dans les mêmes cercles spirituels et intellectuels.

Andrew Graham-Dixon avance ainsi que La Jeune fille à la perle pourrait représenter Marie-Madeleine, figure biblique de la pénitence et de la rédemption. Selon lui, le regard levé de la jeune femme et la sobriété de son vêtement conforteraient cette lecture symbolique. Au moment de la création supposée du tableau, vers 1665, la jeune Magdalena van Ruijven, alors âgée de douze ans, s’engageait dans la foi chrétienne lors de sa confirmation en 1667.

Cette hypothèse n’est toutefois pas nouvelle, comme le rappelle l’historienne de l’art Ruth Millington : « Cette théorie circule depuis quelque temps. » Elle ajoute : « Le véritable charme de la peinture réside dans le mystère de sa muse. Elle n’est pas censée être un portrait littéral d’un modèle identifiable, mais une figure imaginée. L’art est rarement aussi biographique que le public le suppose. »

Selon Ruth Millington, La Jeune fille à la perle serait une tronie - un type d’étude de visage idéalisé, souvent accompagnée d’une expression marquée ou d’éléments exotiques - plutôt qu’un portrait individuel. C’est aussi le consensus de la communauté scientifique. D’autres chercheurs avancent qu’il pourrait s’agir de la fille de Vermeer, Maria.

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