Musée

Un nouveau parcours médiéval et Renaissance au Palais des beaux-arts de Lille

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 19 septembre 2022 - 669 mots

LILLE

La modernisation des salles consacrées au Moyen Âge et à la Renaissance du musée lillois fait preuve d’un effort pédagogique à destination de tous les publics.

Nouvelles salles médiévales du Palais des Beaux-Arts de Lille. © J.M. Dautel, 2022
Nouvelles salles médiévales du Palais des Beaux-Arts de Lille.
© Photo J.M. Dautel, 2022

Lille. La mise en valeur de la collection et l’attention portée au public sont les deux axes forts du projet scientifique et culturel du Palais des beaux-arts de Lille. Après l’inauguration du nouvel atrium en 2017 et la belle rénovation de la salle des Plans-Reliefs en 2019, le musée a repensé son parcours médiéval et Renaissance préférant miser sur ses collections pour attirer un large public, plutôt que d’investir dans de coûteuses expositions temporaires.

Le parcours en U, au sous-sol du bâtiment, déroule sous ses voûtes en brique l’une des collections médiévales et Renaissance les plus importantes de France. Il s’organise autour de deux grands corridors parallèles, l’un consacré à l’art médiéval européen (la Galerie Europe) et le second aux trésors de la Renaissance flamande conservés par le musée. En guise de préambule, une première salle offre aux visiteurs une introduction à l’art de l’image médiévale, insistant sur l’iconographie religieuse qui irrigue ces œuvres. Ainsi, un « mur de la Passion » – où un calvaire se détache sur fond bleu, entouré de sculptures saintes en bois – ouvre théâtralement le département rénové.

L’accent est mis sur la pédagogique

Avec cette première salle, le Palais des beaux-arts met en œuvre le vœu d’un musée ouvert à tous, sans prérequis : le visiteur qui n’a pas suivi le catéchisme se familiarise avec les scènes de la Passion du Christ, grâce aux sculptures médiévales, judicieusement augmentées de scènes classiques du cinéma évoquant les épisodes que la collection lilloise ne peut présenter, mais aussi par des cartels clairs et lisibles. Tout au long du parcours, différents niveaux d’explication sont proposés (pour les enfants, plus complète pour les amateurs, et même des focus rédigés par des spécialistes, restaurateurs, botanistes, etc.) : cet effort pédagogique prononcé multiplie les portes d’entrée sur les œuvres.

Confort visuel de la visite

Le discours prend soin de restituer le contexte et les fonctions premières (souvent dévotionnelles) de ces objets. Une section reliant les deux galeries explique les savoir-faire et la matérialité des œuvres, offrant une parenthèse technique au sein d’une scénographie générale plutôt propice à la contemplation. Car le confort de la visite n’est pas qu’intellectuel, il est aussi visuel, avec un remarquable travail sur les lumières, qui fait surgir les œuvres dans un halo lumineux, et une disposition aérée, parfois même clairsemée tant elle ménage d’espace libre. Les deux œuvres incontournables du parcours profitent en premier lieu de cette mise en scène. Le Festin d’Hérode de Donatello se découvre dans une lumière rasante qui rend toute sa lisibilité à la scène, au milieu d’une salle plongée dans la pénombre qui lui est spécialement consacrée. L’Ascension des élus et son pendant La Chute des damnées de Dirk Bouts surgissent à l’entrée de la seconde galerie sur fond d’une cimaise bordeaux, obligeant le visiteur à s’arrêter devant ce chef-d’œuvre du XVe siècle flamand.

Donatello (1386-1466), Le Festin d'Hérode (c. 1435),  50 × 71,5 × 5,3 cm,  marbre blanc de Carrare, Palais des beaux-arts de Lille - Photo Velvet, 2022 - CC BY-SA 4.0
Donatello (1386-1466), Le Festin d'Hérode (c. 1435), 50 × 71,5 × 5,3 cm, marbre blanc de Carrare, Palais des beaux-arts de Lille
Photo Velvet, 2022
Incursions contemporaines

À ce travail sur la scénographie et sur le discours scientifique, s’ajoute une ouverture sur l’art contemporain, ici poussée à un degré qui correspond davantage à ce que l’on pourrait rencontrer dans une exposition temporaire.

Certaines de ces ponctuations modernes trouvent toute leur place dans le parcours permanent, comme les sculptures de Georges Jeanclos – qui a réalisé le portail de la cathédrale lilloise en 1996 – ouvrant la galerie médiévale, ou la grande pièce en marbre de John Isaacs, qui dialogue avec le fonds italien et le bas-relief de Donatello. Moins convaincante est la présence d’une évocation filmique du revers de la Maestà de Duccio réalisée par Andy Guérif (2015) présentée ici dans une salle consacrée à la peinture dévotionnelle privée, et qui s’impose au détriment des œuvres exposées. Ou celle d’une scène de dragon extraite de la récente série Game of Thrones, diffusée sur toute la largeur du mur faisant face au grand Retable de saint Georges : une place démesurée pour un simple clin d’œil au visiteur.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°594 du 9 septembre 2022, avec le titre suivant : Un nouveau parcours médiéval et Renaissance au Palais des beaux-arts de lille

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