Une étude de l’université du Caire met en lumière des failles menaçant la tombe royale, malgré les démentis officiels.

Alors que le gouvernement égyptien inaugure le Grand Musée égyptien, une étude publiée en octobre 2025 par le professeur Sayed Hemeda, de l’université du Caire, dans la revue scientifique Heritage Science, alerte sur un risque d’effondrement de la tombe de Toutankhamon située dans la Vallée des Rois, à Louxor. Le chercheur affirme que des fissures majeures traversent le plafond de l’antichambre et de la chambre funéraire, permettant l’infiltration d’eau de pluie qui fragilise la roche déjà instable.
La modélisation géotechnique montre que la résistance des couches rocheuses formant le plafond chute dès qu’un certain taux d’humidité est atteint. Une faille traverse la tombe et les plafonds des deux pièces principales, favorisant l’infiltration d’eau et compromettant la stabilité structurelle de l’ensemble. « Il existe des risques actuels et futurs qui affecteront la sécurité structurelle de la tombe de Toutânkhamon à long terme, et la tombe pourrait ne pas résister pendant des milliers d’années dans son état actuel », prévient Sayed Hemeda.
Les causes identifiées remontent à l’inondation majeure de novembre 1994, provoquée par de fortes pluies et des orages. Cette crue a endommagé et inondé de nombreuses tombes de la Vallée des Rois, dont celle de Toutankhamon. Les crues soudaines récentes, exacerbées par le changement climatique, contribuent à l’activation des mouvements le long des failles. L’infiltration d’eau diminue la capacité portante des couches rocheuses, accélérant le détachement des croûtes et des couches superficielles des plafonds. Elle augmente aussi le taux d’humidité, favorisant l’apparition de moisissures.
L’étude recommande un programme ciblé de renforcement. L’un des éléments clés est la réduction des fluctuations d’humidité. Les auteurs proposent aussi l’installation de supports internes qui maintiendraient l’intégrité historique du site tout en prévenant un effondrement, ainsi qu’un allègement de la charge exercée par la montagne sur le tombeau.
Si ces recommandations ne sont pas suivies, les conséquences seraient graves. Le professeur Mohamed Atia Hawash, de la faculté d’archéologie de l’université du Caire, prévient qu’« une catastrophe pourrait survenir à tout moment, et si nous voulons préserver la Vallée des Rois, des mesures doivent être prises avant qu’il ne soit trop tard ». Il souligne que « nous avons la capacité de surveiller scientifiquement les risques, mais l’absence d’une culture de prévention fait que nous ne réagissons qu’après qu’une catastrophe se produise ». Emad Mahdi, membre de l’Union des archéologues égyptiens, réclame la formation immédiate d’un « comité d’experts de haut niveau pour analyser le site géologiquement et archéologiquement, évaluer l’impact sur les inscriptions murales, développer un profil de risque précis et préparer un rapport urgent pour les plus hautes autorités afin de permettre une action rapide pour le sauver ».
Le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités a catégoriquement démenti les informations relayées par les médias étrangers concernant les risques d’effondrement. Mohamed Ismail Khaled, secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités, affirme que la tombe est en bon état de conservation et ne présente aucun risque pour sa stabilité ou l’intégrité de ses peintures murales. Selon le ministère, les examens scientifiques et les études récentes menés par le Getty Conservation Institute ont prouvé qu’aucune détérioration supplémentaire ne s’est produite dans la tombe depuis sa découverte en novembre 1922, et que les fissures visibles sur les murs sont inchangées depuis plus de cent ans.

La tombe de Toutankhamon a été découverte le 4 novembre 1922 par l’archéologue britannique Howard Carter. Le jeune pharaon, qui régna approximativement de 1332 à 1323 avant notre ère, durant la dix-huitième dynastie, monta sur le trône vers l’âge de huit ou neuf ans et mourut à dix-huit ans. La tombe KV62 comprend quatre chambres principales abritant environ 5 000 artefacts, dont le célèbre masque funéraire en or.
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Toutankhamon : des fissures inquiètent des chercheurs égyptiens
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