Île-de-France

Réouverture du château de Sceaux

Le pendant de Carnavalet pour l’Île-de-France

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1994 - 716 mots

Après trois années de fermeture, le château de Sceaux, entièrement restauré, vient de rouvrir ses portes au public, avec une nouvelle présentation et une mise en valeur de ses collections.

SCEAUX - Le musée de l’Île-de-France, installé dans le château de Sceaux depuis 1937, est à la région Île-de-France ce que Carnavalet est à Paris : une mémoire historique des lieux. Après plus de trois années de fermeture, le château, édifié à la fin du XVIe siècle, acquis et agrandi en 1670 par Colbert, rasé sous le Directoire puis reconstruit par Le Soufaché pour le duc de Trévise au milieu du XIXe, a retrouvé l’esprit que lui avait donné ce dernier. Une restauration qui s’avérait nécessaire : depuis son acquisition en 1923, par le conseil général de la Seine qui décida d’en faire un musée, puis sa dévolution en 1971 au département des Hauts-de-Seine nouvellement créé, il avait subi plusieurs transformations malencontreuses. En 1991, le conseil général du département, sous l’impulsion du nouveau conservateur, Jean Lavit, décida de financer à 100 % un budget de restauration du domaine qui, outre le château, comporte une dizaine de dépendances sur 155 hectares, datant en partie de l’époque du ministre de Louis XIV. La première tranche de travaux, s’élevant à 35 millions de francs, vient de s’achever.

Un bâtiment poussiéreux autrefois
Qui se souvient du lieu il y a quelques années n’en aura retenu que l’image d’un bâtiment poussiéreux et sombre, aux pièces cloisonnées, où les tableaux s’entassaient sur les murs. Aujourd’hui, les volumes et la polychromie des pièces ont été restitués, des décors et des plafonds redécouverts après un minutieux décapage, les façades rendues à la pierre et à la brique. Le musée s’est entièrement réorganisé autour du fonds ancien, détenu à l’origine par Carnavalet et cédé à Sceaux à sa création, où figure notamment La Leçon d’astronomie de la duchesse du Maine, peinte par François de Troy (vers 1705). Différentes donations de valeur inégale, malheureusement plus contraignantes qu’enrichissantes, sont venues s’ajouter comme soixante Dunoyer de Segonzac (1965), inspirés par l’Île-de-France qui monopolisent une pièce entière.

Soucieux de ne pas le détourner de sa vocation de "pendant de Carnavalet pour l’Île-de-France", et de ne pas en faire un musée historique rébarbatif, Jean Lavit l’a articulé autour de différents thèmes, où la céramique des manufactures de Creil, Saint-Cloud, Chantilly, Sèvres, Sceaux et d’autres, tient une bonne place. Grâce à un budget d’acquisition passé en trois ans de 700 000 francs à 3 millions de francs, il a acquis des œuvres significatives de la région. "Si l’historique d’un objet a son importance, insiste le conservateur, l’insolite n’en a pas moins." La preuve en est fournie avec une salière en Chantilly, armoriée, insolite car des armes étaient rarement apposées sur un si petit objet. "Mon but n’est pas d’acquérir un double de ce que pourrait posséder le Musée de Sèvres ou celui des Arts Déco, poursuit-il, mais de dénicher la pièce manquante". Telle cette fontaine d’appartement (Sceaux vers 1755) avec décor de roseaux, de plantes aquatiques et de personnages en ronde-bosse, qui fait bonne figure aux côtés des 200 pièces en faïence fine provenant de la donation Millet (1978).

Peu d’œuvres phares cependant dans les collections du musée. De Colbert aux guinguettes, l’histoire, l’art et l’anecdote se rejoignent, souvenir et témoignage de ce que fut le passé en Île-de-France. Le point le plus séduisant reste peut-être la découverte des résidences royales aujourd’hui disparues, évoquées à travers des tableaux ou du mobilier. Hubert Robert a peint le Château et le parc de Méréville (vers 1790) ; Constant Troyon nous donne une idée de ce que fut le Château de Saint-Cloud (vers 1833) : le lit en acajou de Pauline Borghèse, par Jacob Frères, vient du château de Neuilly...

Après ces premiers travaux, un plan de restauration complet du domaine est envisagé : 150 millions de francs sont prévus pour remettre sur pied les écuries, le célèbre pavillon de l’Aurore avec sa coupole le Char de l’Aurore, peinte par Lebrun, où Colbert tenait son Conseil, ou encore le petit château XVIIe-XVIIIe, futur centre de documentation. Ce plan devrait s’étaler sur une quinzaine d’années.

Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h jusqu’au 30 septembre ; jusqu’à 17h seulement du 1er octobre au 31 mars.

Tél : (1) 41 13 70 41

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°5 du 1 juillet 1994, avec le titre suivant : Réouverture du château de Sceaux

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