PALMYRE / SYRIE
Des journalistes du New York Times ont pu aller sur place. Ils livrent un témoignage accablant sur l’état du site antique.

« Elle a survécu pendant 2000 ans, mais la guerre civile a ravagé Palmyre », c’est ainsi que commence l’article paru le 21 avril 2025 dans le New York Times, relatant l’état de la ville antique au nord-est de Damas, en Syrie, après le départ de Bachar al-Assad en décembre 2024.
Des journalistes du média américain se sont rendus sur le site archéologique, qui a rouvert au public il y a deux mois, racontent : « Ce jour-là, l’endroit était désert à l’exception d’un médecin syrien, de ses amis, de quelques autres Syriens curieux (…) d’un groupe de marchands vendant des perles, des bibelots et des cartes postales (…) ». Puis ils relèvent les dégâts sur le site : des arches historiques détruites par des explosions, des statues défigurées par l’État islamique et des temples réduits à des tas de gravats.
Le temple de Baalshamin ainsi que la chambre intérieure du temple de Baal - un site religieux préislamique important - sont parmi les plus touchés. « Aujourd’hui, au milieu de la vaste cour du temple, il ne reste que son portique rectangulaire, à côté d’un enchevêtrement de gros blocs de pierre, certains ornés de feuilles et de raisins sculptés ».
Parmi les autres monuments atteints, le Conseil national de la recherche espagnole (CSIC) a rapporté en février 2025 des dommages au Tétrapylon (une plate-forme carrée monumentale portant à chaque angle un groupe serré de quatre colonnes, datant du IIᵉ siècle) et au théâtre romain (tous deux du IIᵉ siècle), au camp de Dioclétien (IIIᵉ siècle), au château de Palmyre ou Qalʿat Ibn Maʿn (XIIIᵉ siècle), et à la vallée des tombes (Iᵉʳ siècle).
Sur le théâtre romain, les chercheurs ont trouvé des preuves de l’effondrement de la façade, endommagée par les bombardements. Des signes de fouilles illégales ont également été découverts, des objets pillés ainsi que des œuvres détruites ou volées dans son musée archéologique, aujourd’hui fermé. On estime à environ 4 000 le nombre de pièces disparues.
Parmi les ruines, s’y trouvent aussi des traces du conflit récent. Le New York Times rapporte la présence de graffitis sur les murs où est inscrit « L’État islamique. Tirez sur les chrétiens ». Des uniformes militaires jonchaient également le sol de l’ancien château situé sur une colline surplombant Palmyre, ainsi que des détritus de l’armée russe : boîtes de munitions vides, treillis et bottes abîmées, bouteilles de bière vides, journaux russes.
Le New York Times n’a pas non plus manqué de relever la présence d’une pancarte indiquant « Guides et livres touristiques sur la Syrie », vestige d’une période plus heureuse, souvenir auquel la population locale tente de renouer. Dans une vidéo diffusée par l’AFP en février dernier, on y voit des habitants de Palmyre pique-niquer sur les ruines : « Nous avions l’habitude de venir ici tous les vendredis, avant la guerre. Nous ne sommes pas revenus ici depuis 2015 », racontait Yasser Al-Mahmoud.
En 2015 a eu lieu la prise de Palmyre par l’État islamique, déjà un champ de bataille depuis 2011. Après le début de la guerre civile, sa position stratégique en fit un lieu d’affrontement entre les rebelles anti-régime de Bachar al-Assad et les forces syriennes soutenues par la Russie, ainsi que les miliciens afghans soutenus par l’Iran.
La prise ensuite par l’État islamique avait provoqué, au nom de sa vision de l’islam - qui considère les statues humaines ou animales comme de l’idolâtrie -, une campagne de destruction délibérée. L’EI avait décapité le chef des Antiquités à la retraite de la ville, Khalid al-Asaad, et avait utilisé le théâtre romain pour des exécutions publiques. Le régime syrien avait ensuite repris la ville en 2016 - interrompu par la reprise du site par l’EI le 11 décembre 2016. Le gouvernement avait repris le contrôle de la ville en 2017, et le site fut encore fragilisé par un séisme survenu en 2023. En 2024, l’offensive des rebelles dirigée par Abou Mohammed al-Joulani a entraîné la chute de Bachar al-Assad.
Inscrite au patrimoine de l’Unesco en 1980, la ville de Palmyre - mentionnée pour la première fois dans les archives de Mari au second millénaire avant J.-C., puis sous contrôle romain dans la première moitié du Iᵉʳ siècle - est aujourd’hui en grande partie détruite, mais cela « ne remet pas en cause la valeur historique du site », explique Amr Al-Azm, professeur d’histoire et d’anthropologie du Moyen-Orient à l’université Shawnee State dans l’Ohio et ancien responsable des antiquités en Syrie, au New York Times.
Dans son premier communiqué officiel à Alep, Abou Mohammed al-Joulani a quant à lui appelé les rebelles et la population à respecter « le patrimoine de toutes les communautés ». Un communiqué ultérieur interdit les pillages.
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Palmyre, premier bilan après la chute d’Assad
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