Maison de la Radio : une rénovation pharaonique et chaotique

Paris. C’est un chantier qui est passé sous les radars alors que son coût est supérieur à celui du Grand Palais (466 millions d’euros), du Centre Pompidou (470 M€) et qu’il s’approche de celui de la cathédrale Notre-Dame (840 M€) : la restauration de la Maison de la Radio, construite en 1963. Mais grâce à la Cour des comptes, qui vient de publier un rapport plus général sur l’établissement public Radio France, on en sait un peu plus sur des travaux symbole d’un gâchis économique.

Tout commence en 2003, lorsque le préfet de Paris met en demeure l’établissement public de se mettre en conformité avec les normes anti-incendie. L’opération évolue alors vers une vaste réhabilitation avec une option contestable : réaliser celle-ci sans fermer le site. Les phases 0 (le parking) et 1 (tour radiale petite couronne) ont débuté en 2009 après cinq ans de travaux préparatoires. Mais sous-estimés, mal définis et mal gérés, les travaux s’enlisent et connaissent des dysfonctionnements à la chaîne. En 2015, la Cour des comptes alerte sur ces graves dérives. En 2017, un audit indépendant est enfin conduit avec à la clef un véritable pilotage opérationnel du projet.

L’opération est officiellement achevée en décembre 2022, vingt ans après son lancement. Selon l’expert cité dans le rapport, la durée aurait dû être de treize ans et demi si le projet avait été mené de manière sérieuse. Cette dérive a naturellement eu un impact sur les coûts, qui sont passés de 328 millions d’euros en 2008 à 493 millions d’euros aujourd’hui, dont 34 millions d’indemnités versées aux entreprises au titre des surcoûts engendrés par des décalages de calendrier.

Mais ce n’est pas fini, d’autres travaux ont été lancés en 2017, concernant les studios de création, pour un coût de 78,5 millions d’euros, et sont prévus d’autres investissements, engagés ou à planifier (finalisation des abords, réhabilitation de la façade aluminium…), pour un montant de 57 à 67 millions d’euros. Soit donc au total près de 638 millions. Une addition qui reste approximative car depuis le classement du bâtiment en 2018 au titre des monuments historiques, les coûts des travaux à venir ne peuvent qu’augmenter.